CorrigĂ©de la dissertation : Toute conscience est conscience de quelque chose. Husserl.«ConnaĂźtre, câest âsâĂ©clater versâ, s
Laréciproque étant vraie, on prend aussi conscience de l'existence de notre propre Arnold; on peut alors essayer de le maßtriser lorsque quelqu'un s'y prend mal pour nous faire prendre conscience de quelque chose, et essayer de voir au delà des apparence pour comprendre le message qu'on veut nous faire passer. Chantal - 28 Jun. 2016.
Nouspourrions nous questionner dans un premier temps, sur la façon dont les ĂȘtres se caractĂ©risent et sur le fait que l'ĂȘtre se dĂ©termine comme Ă©tant singulier. Pour cela, nous verrons que le sujet est un ĂȘtre conscient qui est capable de dĂ©sirer. Pour conclure, nous nous interrogerons sur la notion de conscience. Dâun point de vue
Quelquechose me dit que câest mal. â CâĂ©tait la â voix â de votre conscience qui vous parlait. Nous possĂ©dons tous ce sens du bien et du mal qui nous accuse ou nous excuse. La conscience est inhĂ©rente Ă lâĂȘtre humain. MĂȘme Ă©loignĂ© de Dieu comme il lâest actuellement, lâhomme conserve la facultĂ© de distinguer le bien du mal. Il en est ainsi parce quâil a Ă©tĂ© fait
SelonBergson, toute conscience est anticipation ou attente de quelque chose ; lorsque je suis conscient je suis toujours en train d'attendre quelque chose de l'avenir. Si ma conscience n'attend plus rien, elle est un songe et donc presque inconsciente car la conscience suppose une attention. Si on ne s'attendait Ă rien, on ne serait jamais
Toutle monde est conscient que se réveiller en mode total relax le matin est la meilleure chose que puisse nous arriver Alors que dire d'un petit déjeuner royal
Avoirquelque chose sur la conscience, avoir des remords sur la conscience, avoir quelque chose Ă se reprocher, se sentir coupable. Dire tout ce que lâon a sur la conscience, ne rien cacher de ce que lâon sait, de ce qui vous est un fardeau moral. Il a
JVyDa. L'un des plus grands mystĂšres de l'ĂȘtre humain est la conscience, mĂȘme si c'est l'une des expĂ©riences les plus familiĂšres et quotidiennes que nous puissions vivre. Dans cet article, nous allons passer en revue les diffĂ©rents types qui conscience est un processus mental Ă travers lequel nous sommes capables de percevoir notre individualitĂ© avec ses pensĂ©es, ses sentiments, ses souvenirs, ses sensations et son environnement. GrĂące Ă elle, nous sommes capables de reconnaĂźtre, comprendre et juger notre propre existence et celle des autres. Essentiellement, la conscience est lâexpĂ©rience de nous-mĂȘmes et du monde qui nous fur et Ă mesure que nous nous dĂ©veloppons dans diffĂ©rents contextes, nos expĂ©riences et notre comprĂ©hension des autres et de nous-mĂȘmes changent. Ces changements conduisent Ă lâapparition de diffĂ©rentes formes de conscience qui nous aident Ă nous connecter avec ce qui se passe dans la rĂ©alitĂ©, Ă la fois interne et externe. Nous allons ici examiner les types de de conscienceParmi les diffĂ©rents types de conscience qui existent chez lâĂȘtre humain, nous pouvons retrouver 1. Conscience individuelleCe type de conscience est celle que chacun a de lui-mĂȘme dans un contexte particulier. GrĂące Ă elle, nous pouvons dĂ©terminer ce qui est bon et mauvais pour nous, en nous permettant dâorienter notre projet de vie. La conscience individuelle est ce qui favorise la reconnaissance de soi, dâĂȘtre une personne particuliĂšre et diffĂ©rente des dans laquelle cette conscience nous plonge peut finir par nous aliĂ©ner du monde et des autres. Bien que cette forme de prise de conscience nous permette de nous connaĂźtre, elle peut provoquer ou exacerber le sentiment de Conscience socialeAu sein des types de conscience, la conscience sociale est celle qui nous permet de connaĂźtre les autres et la sociĂ©tĂ©. GrĂące Ă elle, nous sommes capables de raisonner sur ce qui est le mieux ou le pire pour la sociĂ©tĂ©, et de nous comprendre en tant quâĂȘtres sociaux liĂ©s Ă une communautĂ© qui nous Ă cette prise de conscience, nous pouvons reconnaĂźtre les problĂšmes et les besoins que les gens ont dans un groupe ou une communautĂ©. Elle est importante pour lutter pour la transformation sociale, la libĂ©ration, la justice et le bien-ĂȘtre cette prise de conscience est Ă©clipsĂ©e par les modĂšles actuels de compĂ©tence individuelle, dans lesquels le lien entre lâĂȘtre social et la conscience de sa propre existence se dilue Tum, 2012. 3. Conscience Ă©motionnelleCe type de conscience fait rĂ©fĂ©rence Ă la capacitĂ© que nous avons Ă prendre conscience de nos propres Ă©motions et de celles des autres. Elle se compose de trois Ă©lĂ©ments Bisquerra et PĂ©rez, 2007 Prendre conscience de ses propres Ă©motions capacitĂ© Ă percevoir avec justesse ses propres sentiments et Ă©motions ; les identifier et les Ă©tiqueter. Nommer les Ă©motions câest lâefficacitĂ© dans lâutilisation dâun vocabulaire Ă©motionnel appropriĂ© et des expressions disponibles dans un contexte culturel donnĂ©. Comprendre les Ă©motions des autres la capacitĂ© de percevoir avec prĂ©cision les Ă©motions et les points de vue des autres et de sâengager avec empathie dans leurs expĂ©riences Ă©motionnelles. 4. Conscience temporelleCâest la conscience que nous avons du temps qui passe. Ce type de conscience est aussi une conscience de nous-mĂȘmes, puisque nous sommes le temps et que nous ne pouvons pas nous en temps nâest pas quelque chose sur lequel nous nous dĂ©plaçons, câest quelque chose que nous sommes, qui nous constitue. Ainsi, toute conscience temporelle est une conscience de comprĂ©hension que le temps sâĂ©coule du prĂ©sent vers le futur est en grande partie due Ă notre conscience du temps. Nous percevoir dans cette chronologie est une propriĂ©tĂ© fondamentale de la conscience qui nous configure. De cette façon, nous finissons tous par ĂȘtre continuellement un passĂ© qui a cessĂ© dâexister et un futur qui nâexiste pas encore Cox, 2020.5. Conscience psychologiqueCe type de conscience fait rĂ©fĂ©rence Ă la capacitĂ© de nous examiner et de mener une introspection Ă propos de notre situation dans le monde. La conscience psychologique se caractĂ©rise Ă©galement par le fait de nous permettre de reconnaĂźtre le sens de nos actions et de celles des autres. Cela nous aide Ă comprendre les motifs et les intentions qui sous-tendent tout conscience psychologique est liĂ©e Ă la capacitĂ© Ă voir les relations entre les pensĂ©es, les sentiments et les actions afin dâapprendre les significations et les causes des expĂ©riences et des comportements Appelbaum, 1973.Ce type de conscience implique un processus de rĂ©flexion sur les processus psychologiques, les relations et les significations Ă travers les dimensions affectives et intellectuelles Hall, 1992.6. Conscience moraleCâest la conscience que nous avons des rĂšgles et des normes morales. Elle nous interpelle sur ce que nous devons faire, sur ce qui est correct et incorrect, sur le bien et le mal. GrĂące Ă la conscience morale, nous pouvons faire une sĂ©paration entre ce qui est considĂ©rĂ© comme bon, appropriĂ© et adĂ©quat et ce qui est considĂ©rĂ© comme mauvais, inappropriĂ© ou conscience morale se base sur la raison et lâexistence dâĂ©lĂ©ments externes qui permettent dâĂ©valuer sa justesse Valderrama et LĂłpez, 2011. Les jugements que nous Ă©mettons Ă partir dâelle sont prĂ©sents dans chaque acte que nous accomplissons. La possibilitĂ© dâagir en consĂ©quence correspond Ă une volontĂ© dâĂȘtre en cohĂ©rence avec nos croyances et nos conclure, nous avons passĂ© en revue quelques types de conscience qui nous permettent dâaffirmer que toute conscience Ă©merge dâun processus relationnel, de lâinteraction entre un sujet et un objet. Câest un processus intentionnel qui se rapporte Ă quelque chose, câest-Ă -dire que la conscience est toujours conscience de quelque chose lâindividu, la sociĂ©tĂ©, le temps, les Ă©motions, lâesprit, la morale. Il nây a pas de conscience isolĂ©e du monde au contraire, toute conscience lui est pourrait vous intĂ©resser ...
TLFi AcadĂ©mie9e Ă©dition AcadĂ©mie8e Ă©dition AcadĂ©mie4e Ă©dition BDLPFrancophonie BHVFattestations DMF1330 - 1500 CONSCIENCE, subst. fĂ©m.[Chez l'homme, Ă la diffĂ©rence des autres ĂȘtres animĂ©s] Organisation de son psychisme qui, en lui permettant d'avoir connaissance de ses Ă©tats, de ses actes et de leur valeur morale, lui permet de se sentir exister, d'ĂȘtre prĂ©sent Ă lui-mĂȘme; p. mĂ©ton., connaissance qu'a l'homme de ses Ă©tats, de ses actes et de leur valeur morale 1. La conscience puise ses aliments dans l'immense milieu qu'elle rĂ©sume en soi; mais elle ne le rĂ©sume et ne le contient qu'en le dĂ©passant, qu'en formant une synthĂšse originale, qu'en devenant l'acte de toutes ces conditions et de ces puissances subalternes. M. Blondel, L'Action,1893, p. ... il est impossible d'assigner Ă une conscience une autre motivation qu'elle-mĂȘme. Sinon il faudrait concevoir que la conscience, dans la mesure oĂč elle est un effet, est non consciente de soi. Il faudrait que, par quelque cĂŽtĂ©, elle fĂ»t sans ĂȘtre conscience d' ĂȘtre. Nous tomberions dans cette illusion trop frĂ©quente qui fait de la conscience un demi-inconscient ou une passivitĂ©. Mais la conscience est conscience de part en part. Elle ne saurait donc ĂȘtre limitĂ©e que par elle-mĂȘme. Sartre, L'Ătre et le NĂ©ant,1943, p. ... l'unitĂ© de la conscience se construit ainsi de proche en proche par une synthĂšse de transition ». Le miracle de la conscience est de faire apparaĂźtre par l'attention des phĂ©nomĂšnes qui rĂ©tablissent l'unitĂ© de l'objet dans une dimension nouvelle au moment oĂč ils la brisent. Merleau-Ponty, PhĂ©nomĂ©nologie de la perception,1945, p. 39.â [La conscience chez l'homme, p. oppos. aux vĂ©gĂ©taux et aux animaux] 4. Radicale aussi, ... est la diffĂ©rence entre la conscience de l'animal, ... et la conscience humaine. Car la conscience correspond exactement Ă la puissance de choix dont l'ĂȘtre vivant dispose; elle est coextensive Ă la frange d'action possible qui entoure l'action rĂ©elle conscience est synonyme d'invention et de libertĂ©. Or, chez l'animal, l'invention n'est jamais qu'une variation sur le thĂšme de la routine. Bergson, L'Ăvolution crĂ©atrice,1907, p. 264.⊠[La conscience en tant qu'elle est prĂȘtĂ©e Ă l'univers dans les visions poĂ©tiques, animistes] Dans toute la Nature, il [l'artiste] soupçonne une grande conscience semblable Ă la sienne A. Rodin, L'Art,1911, pp. 218-2195. Sache que tout connaĂźt sa loi, son but, sa route; Que, de l'astre au ciron, l'immensitĂ© s'Ă©coute; Que tout a conscience en la crĂ©ation... Hugo, Les Contemplations,t. 3, La Bouche d'ombre, 1856, p. 435.â P. mĂ©ton. L'ĂȘtre humain mĂȘme, en tant qu'il est douĂ© de conscience. On ne peut pas rĂ©aliser que les autres gens sont des consciences qui se sentent du dedans comme on se sent soi-mĂȘme, dit Françoise S. de Beauvoir, L'InvitĂ©e,1943, p. 14.I.â [La conscience en tant qu'elle permet de connaĂźtre]A.â [La conscience du point de vue de son fonctionnement, de ses diffĂ©rents niveaux; la connaissance qu'elle donne du point de vue de sa qualitĂ©, de ses diffĂ©rents degrĂ©s de clartĂ©]1. PHILOSOPHIEâ Courant, flux de la conscience [W. James, Bergson] ,,Flux qualitatif des Ă©tats intĂ©rieurs`` Piguet 1960. â Champ de la conscience. Champ de l'activitĂ© cĂ©rĂ©brale, dirigĂ© par l'attention qui dĂ©termine son contenu et sa plus ou moins grande ouverture, auquel se limite la conscience Ă un instant donnĂ© cf. H. Ey, La Conscience, Paris, 1963, pp. 41-42.Contenu de la conscience 6. ... une attention trop contrainte Ă©trique l'action en rĂ©trĂ©cissant le champ de conscience et en pliant l'Ă©lan spirituel Ă la courbure Ă©gocentrique. Mounier, TraitĂ© du caractĂšre,1946, p. Champ de conscience ouvert, rĂ©trĂ©ci, Ă©troit; ouverture, ampleur, largeur, resserrement, rĂ©trĂ©cissement, Ă©troitesse du champ de conscience; occuper, envahir, quitter le champ de la conscience; rĂ©trĂ©cir le champ de conscience.⊠P. ext. Champ de la connaissance claire. Or, pour que les sociĂ©tĂ©s puissent vivre dans les conditions d'existence qui leur sont maintenant faites, il faut que le champ de la conscience tant individuelle que sociale, s'Ă©tende et s'Ă©claire Durkheim, De la Division du travail soc.,1893, p. 15.â Fait, phĂ©nomĂšne de conscience. Modification du sujet. Acte de la conscience. Acte par lequel le sujet prend connaissance de cette modification 7. Non seulement l'attention donnĂ©e aux faits de conscience les modifie et les altĂšre, mais souvent elle les fait passer du nĂ©ant Ă l'ĂȘtre; ou, pour parler plus exactement, elle amĂšne Ă l'Ă©tat de faits de conscience des phĂ©nomĂšnes psychologiques qui n'auraient pas de retentissement dans la conscience sans l'attention qu'on y donne... Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. ... quand je veux m'exprimer, je fais cristalliser dans un acte de conscience un ensemble indĂ©fini de motifs, je rentre dans l'implicite, c'est-Ă -dire dans l'Ă©quivoque et dans le jeu du monde. Merleau-Ponty, PhĂ©nomĂ©nologie de la perception,1945, p. 342.â Ătat de conscience. Ensemble des phĂ©nomĂšnes existant simultanĂ©ment dans la conscience Ă un instant donnĂ© et dont la succession reprĂ©sente l'activitĂ© cĂ©rĂ©brale du sujet 9. ... plus un Ă©tat de conscience est complexe, plus il est personnel, plus il porte la marque des circonstances particuliĂšres dans lesquelles nous avons vĂ©cu, de notre sexe, de notre tempĂ©rament. Durkheim, De la Division du travail soc.,1893, p. Ătat de conscience individuel, personnel, actuel, habituel; Ă©tats de conscience vĂ©cus, identiques, contraires, nouveaux; succession, multiplicitĂ© des Ă©tats de conscience; analyser un Ă©tat de ,,Il est abusif d'employer l'expression Ă©tat de conscience comme synonyme de fait de conscience; cette mĂ©prise est trĂšs frĂ©quente`` Goblot 1920.â Conscience psychologique. Intuition par laquelle l'homme prend Ă tout instant une connaissance immĂ©diate et directe, plus ou moins complĂšte et claire, de son existence, de ses Ă©tats et de ses actes 10. Le psychologue, lui, se bornait Ă Ă©tudier la conscience de soi », qu'il prĂ©sentait comme un acte de pure apprĂ©hension psychologique obtenu en dĂ©tachant le regard intĂ©rieur de toute liaison avec la vie du corps et les solidaritĂ©s de milieu. Or la donnĂ©e la plus immĂ©diate de la conscience psychologique n'est pas un Ă©tat, fĂ»t-il subtil, fĂ»t-il unique, c'est une affirmation, saisie comme telle, par elle-mĂȘme, dans son exercice d'abord, puis dans sa propre rĂ©flexion sur son activitĂ©. Mounier, TraitĂ© du caractĂšre,1946, p. 524.â [La connaissance intervient en dehors de la distinction sujet connaissant â objet connu â acte de connaĂźtre, le fait conscient n'Ă©tant pas distinguĂ© de la connaissance, de la conscience, que le sujet en a] Conscience immĂ©diate, conscience spontanĂ©e. Connaissance instantanĂ©e, non accompagnĂ©e d'effort, du vĂ©cu tel qu'il se prĂ©sente. Synon. conscience instantanĂ©e, irrĂ©flĂ©chie, primaire, brute...La conscience immĂ©diate n'est rien sans l'entendement qui cherche Ă comprendre ce qu'elle Ă©prouve globalement RicĆur, Philos. de la volontĂ©,1949, p. 20211. ... il y a entre la conscience immĂ©diate et la pensĂ©e le sujet pensant la relation mĂȘme qu'il y a entre le donnĂ© quel qu'il soit, mĂȘme purement psychique et l'idĂ©e, c'est-Ă -dire le contenu intelligible non posĂ© comme existant qui seul peut rendre raison du donnĂ©, tout en maintenant d'ailleurs le caractĂšre contingent. Marcel, Journal mĂ©taphysique,1914, p. 22.â [La connaissance se construit par l'opposition sujet connaissant â objet connu â acte de connaĂźtre, le fait conscient est distinguĂ© de la connaissance, de la conscience que le sujet en prend] 12. La conscience qui compare les phĂ©nomĂšnes est un acte reprĂ©sentatif de la relation donnĂ©e entre eux. .... La comparaison Ă©lĂ©mentaire appartient Ă l'animal. L'homme seul, en comparant, se reprĂ©sente la comparaison mĂȘme. L'homme prend pour reprĂ©sentĂ©s ses actes, ses opĂ©rations comme telles. Cette conscience de la conscience est la rĂ©flexion. Renouvier, Essais de crit. gĂ©n.,3eessai, 1864, p. IX.⊠Conscience rĂ©flĂ©chie. Connaissance claire indirecte, accompagnĂ©e d'effort, la conscience effectuant un retour rĂ©flexif sur elle-mĂȘme pour analyser et caractĂ©riser avec exactitude le fait conscient ou l'objet de la conscience. Synon. conscience claire et temps, tel que se le reprĂ©sente la conscience rĂ©flĂ©chie, est un milieu oĂč nos Ă©tats de conscience se succĂšdent distinctement de maniĂšre Ă pouvoir se compter Bergson, Essai sur les donnĂ©es immĂ©diates de la conscience,1889, p. 78.⊠[Conscience rĂ©flĂ©chie en oppos. paradigmatique] Mouvement et poids sont des distinctions de la conscience rĂ©flĂ©chie la conscience immĂ©diate a la sensation d'un mouvement pesant, en quelque sorte Bergson, Essai sur les donnĂ©es immĂ©diates de la conscience,1889, p. 4913. La conscience rĂ©flĂ©chie s'arrĂȘte sur une muraille infranchissable de conscience brute, qui surplombe directement l'inconscient. Ruyer, Esquisse d'une philos. de la struct.,1930, p. Conscience primitive, conscience rĂ©flĂ©chie, conscience subjective, conscience objective cf. Lalande 1968.â Prise de conscience. ,,Passage Ă la conscience claire et distincte de ce qui, jusqu'alors, Ă©tait automatique ou implicitement vĂ©cu`` Lafon 1963-69.⊠Loi de prise de conscience. ,, L'individu prend conscience d'une relation d'autant plus tard et plus difficilement que sa conduite a impliquĂ© plus tĂŽt, plus longtemps ou plus frĂ©quemment l'usage automatique de cette relation ». Loi formulĂ©e par Ed. ClarapĂšde dans les Archives de Psychologie, en 1918, t. XVII, p. 71`` Lalande 1968.Rem. Cf. infra I A 2 et I A 3.â [P. oppos., en partic., Ă l'Ă©tat rĂ©flexif, Ă l'Ă©tat de sommeil, Ă l'Ă©tat inconscient ou Ă l'inconscient] Quand la prĂ©sence d'un organe atteint le seuil de la conscience, cet organe commence Ă mal fonctionner. La douleur est un signal d'alarme Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, p. 130.Mon passĂ©, ... s'enfonce dans une conscience crĂ©pusculaire oĂč la mĂ©moire sombre et s'Ă©teint RicĆur, Philos. de la volontĂ©,1949, p. 41614. De ce corps-sujet, nous n'avons donc pas vĂ©ritablement conscience, mais par lui nous avons conscience de la totalitĂ© du monde. En un mot, la conscience du corps est latĂ©rale et rĂ©trospective; ... J. Vuillemin, L'Ătre et le travail,1949, p. Conscience obscure, confuse; conscience de veille; seuil, Ă©veil, Ă©clipse de la conscience; lueur, Ă©clair de conscience; arriver Ă la conscience; atteindre, franchir le seuil de la conscience.⊠Conscience marginale [W. James] ,,... contenu plus ou moins confus de la conscience, en marge de la conscience claire proche du prĂ©-conscient et du subliminal`` Ancelin 1971.Rem. Pour conscience claire, cf. supra conscience rĂ©flĂ©chie.⊠Conscience hypnagogique. Conscience relative Ă la phase hypnagogique du sommeil. 2. PSYCHOPATHOL., PSYCHANAL. La conscience psychasthĂ©nique prĂ©sente un mode trĂšs particulier que dĂ©signent les noms de folie lucide, de dĂ©lire avec conscience le malade est plus que conscient de son dĂ©sordre, il l'observe, le critique, le juge et le repousse Mounier, TraitĂ© du caractĂšre,1946, p. 27215. Le sens profond de la cure psychanalytique n'est pas une explication de la conscience par l'inconscient, mais un triomphe de la conscience sur ses propres interdits par le dĂ©tour d'une autre conscience dĂ©chiffreuse. L'analyste est l'accoucheur de la libertĂ©, en aidant le malade Ă former la pensĂ©e qui convient Ă son mal; il dĂ©noue sa conscience et lui rend sa fluiditĂ©... RicĆur, Philos. de la volontĂ©,1949, p. 376.â Conscience morbide. ,,... structure gĂ©nĂ©rale de la personnalitĂ© du psychopathe telle qu'elle lui apparaĂźt Ă lui-mĂȘme ...`` Porot 1960. â Prise de conscience. AccĂšs Ă la conscience claire, par une cure psychanalytique, d'un conflit jusque-lĂ refoulĂ© dans l'inconscient et faisant problĂšme. 3. Cour. [Emplois correspondant Ă certains des emplois philosophiques exposĂ©s supra; le plus souvent avec un adj. indiquant la qualitĂ© de la connaissance et suivi d'un compl. dĂ©terminatif]a [Correspond Ă la notion philosophique de conscience immĂ©diate, spontanĂ©e] Conscience de immĂ©diate, intuitive, synthĂ©tique et assez floue de quelque chose.â Locutions⊠Avoir la conscience vague, obscure... de qqc. Avoir l'intuition, l'impression, le sentiment de quelque chose; avoir connaissance, se rendre compte de quelque chose de façon trĂšs globale. Avoir conscience de + inf. passĂ©; avoir conscience que[Souvent dans des constr. nĂ©gatives] . Ne pas avoir conscience de qqc.; n'avoir aucune conscience de qqc. Ne plus avoir conscience de + inf. passĂ©. ,,Je n'ai pas eu conscience qu'il pleuvait. J'ai eu conscience d'ĂȘtre suivi. J'ai une vague conscience que ce rouge est plus vif, que ce raisonnement ne conclut pas`` 1962, Foulq. 1971.Nul de nous n'a conscience de sa propre nature, sans quoi ... les mystĂšres de l'Ăąme nous seraient parfaitement connus Cousin, Hist. de la philos. du XVIIIes.,1829, p. 197.Ă certains instants, la vĂ©ritĂ© est si forte que je n'ai plus conscience d'avoir Ă©tĂ© dans l'erreur J. Bousquet, Traduit du silence,1935-36, p. 171.Une amorce de sieste dont il avait l'agrĂ©able et vague conscience A. Arnoux, Roi d'un jour,1956, p. 288.Rem. Ne pas avoir conscience que ,,On emploie le subjonctif dans les phrases subordonnĂ©es Ă ce verbe. Elle n'avait plus conscience que Marius fĂ»t lĂ V. Hugo. La construction affirmative demande l'indicatif. J'ai conscience que vous avez raison`` G. O. D'HarvĂ© [36, p. 209] ds DuprĂ© 1972.⊠Perdre conscience de qqc. Perdre la notion de quelque chose, ne plus en avoir la connaissance minimale qui permettrait en particulier d'ajuster son comportement. Perdre toute conscience de ses actes; perdre la conscience du rĂ©el, du temps, des lieux; perdre conscience de tout. Dans le mĂȘme sens ne plus avoir conscience de qqc. C'Ă©tait un Ă©tonnement pour ses camarades, que de le voir, au milieu de graves prĂ©occupations, perdre conscience des biensĂ©ances et de sa dignitĂ© Arland, L'Ordre,1929, p. 21.b [Correspond Ă la notion philosophique de conscience rĂ©flĂ©chie, claire et mĂ©diate] Connaissance claire, acquise par l'analyse et la rĂ©flexion, de l'expĂ©rience vĂ©cue. Cette immense dĂ©perdition des forces humaines, qui a lieu par l'absence de direction et faute d'une conscience claire du but Ă atteindre Renan, L'Avenir de la science,1890, p. 122.Dans la pleine conscience de la responsabilitĂ© que j'assume, ... j'ai cru bien faire en vous parlant ainsi Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 134.â Locutions⊠Avoir la conscience claire, intense... de qqc. Avoir une connaissance claire, le sentiment net de quelque chose; sentir avec intensitĂ© la rĂ©alitĂ© de quelque chose. Avoir la conscience distincte de qqc.; avoir la conscience que; donner une conscience nette de qqc.; avoir une haute conscience de sa valeur. J'aime Ă le voir ainsi, ayant la confiance de sa force et la conscience de son mĂ©rite A. Dumas PĂšre, Richard Darlington,1832, I, 1, p. 28.Il est indispensable ... que vous preniez pleinement conscience de l'Ă©tendue de votre faiblesse M. Butor, La Modification,1957, p. 11316. ... ils ne lui offraient pas de conseils et elle n'en demandait pas. Elle avait conscience qu'il n'appartenait qu'Ă elle de faire son choix et d'arrĂȘter sa vie,... HĂ©mon, Maria Chapdelaine,1916, p. 194.⊠Prendre conscience de qqc. AcquĂ©rir la connaissance claire de quelque chose; apercevoir quelque chose avec suffisamment de nettetĂ© pour en tenir compte le cas Ă©chĂ©ant. Prendre claire et prĂ©cise conscience de qqc., prendre une conscience intense de qqc., prendre pleine/pleinement conscience de qqc.; donner une conscience nette de qqc. Pour moi, Ă©tranger dans cette vie harmonieuse, j'en prenais une conscience intense BarrĂšs, Le Jardin de BĂ©rĂ©nice,1891, p. 9617. Il y a un mouvement spontanĂ© des masses. Le rĂŽle des communistes est d'en prendre conscience, pour le faire aboutir .... Il ne s'agit pas pour eux d'infuser en quelque sorte aux prolĂ©taires un idĂ©al qui ne leur serait pas immanent, mais au contraire de leur faire prendre pleine conscience de ce qu'ils sont J. Lacroix, Marxisme, existentialisme, personnalisme,1949, p. de conscience. Fait de prendre connaissance, conscience de quelque chose, en particulier de l'existence d'un problĂšme, par une dĂ©marche intĂ©rieure souvent plus morale qu'intellectuelle. Le tiers monde, sans une sĂ©rieuse prise de conscience individuelle, ne sera jamais pour nous qu'une formule [J. R.] ds Giraud-Pamart1971.SYNT. Prise de conscience claire, aiguĂ«; prise de conscience d'une idĂ©e, d'un phĂ©nomĂšne, d'une transformation, d'une difficultĂ©, d'un problĂšme; vĂ©ritable prise de conscience; provoquer une prise de conscience.⊠Avoir toute sa conscience. Jouir de toutes ses facultĂ©s de connaissance actuelle, avoir tous ses esprits. ⊠Perdre conscience. Ne plus ĂȘtre prĂ©sent Ă soi-mĂȘme, perdre la connaissance de son existence du fait de l'endormissement, d'une drogue...; s'Ă©vanouir. Perte de conscience. Reprendre conscience. Reprendre connaissance, revenir Ă soi. Synon. reprendre ses esprits, ses sa conscience. Le gazon me reçut, Ă©tendue et molle ... Quand je repris conscience, ... je respirais, le nez frottĂ© d'eau de Cologne, aux pieds de ma mĂšre Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 65.Il se laissa choir sur le matelas, et perdit conscience. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il faisait jour R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Cahier gris, 1922, p. 64118. OpĂ©rĂ© le 2. AnĂ©antissement de l'ĂȘtre sous l'action de l'Ă©ther, la chute dans un abĂźme obscur et sonore, ce grand bruit de cloches semblables Ă celles des trains amĂ©ricains, surtout cette impossibilitĂ© de rĂ©sister, de se retenir Ă quoi que ce soit, il doit y avoir un peu de tout cela dans la mort. J'ai trouvĂ© curieuse la minute qui a prĂ©cĂ©dĂ© la perte de conscience, mais pas le moins du monde effrayante. Green, Journal,1929, p. [La conscience du point de vue de son objet]1. Cour. cf. supra I A 3.2. PHILOS. Conscience de soi-mĂȘme, conscience non-thĂ©tique de soi, conscience poĂ©tique; conscience du corps, du vĂ©cu; conscience d'autrui, de l'autre; conscience d'objet, de l'objet; conscience du rĂ©el; conscience thĂ©tique du monde; conscience subjective de soi, conscience objective du nous; conscience perceptive, percevante 19. La conscience de soi pour s'affirmer doit se distinguer de ce qui n'est pas elle. L'homme est la crĂ©ature qui, pour affirmer son ĂȘtre et sa diffĂ©rence, nie. Camus, L'Homme rĂ©voltĂ©,1951, p. LING. Conscience linguistique [ling. saussurienne],,... sentiment intime que le locuteur a des rĂšgles et des valeurs linguistiques ...`` Ling. 1972; cf. aussi Vachek 1960.4. SOCIOL. Conscience de classe. Connaissance claire qu'ont les membres d'une classe sociale du statut qu'occupe leur classe dans l'Ă©chelle de la sociĂ©tĂ© diffĂ©renciĂ©e dont elle fait partie, et les sentiments que suscite cette connaissance 20. ... comment Marx, ... aurait-il mĂ©connu cette action prolĂ©tarienne? ... cette action, tout en assurant en effet au prolĂ©tariat quelques avantages Ă©conomiques partiels, se rĂ©sume surtout Ă accroĂźtre sa conscience de classe, Ă dĂ©velopper en lui le sentiment de ses maux et celui de sa force. JaurĂšs, Ăt. socialistes,1901, p. Cf. infra I C conscience [Emplois mĂ©ton. dans lesquels la conscience apparaĂźt comme pouvant ĂȘtre le fait d'un sujet isolĂ© ou d'une collectivitĂ©] Ensemble des faits psychiques, saisis par la conscience spontanĂ©e, propres Ă une personne ou Ă un ensemble de personnes qui les ont en commun; p. mĂ©ton. siĂšge de ces phĂ©nomĂšnes prĂ©sentĂ© comme un lieu oĂč ils se dĂ©rouleraient. Ma conscience est une forteresse Vigny, Le Journal d'un poĂšte,1846, p. 1249.Ce qu'il y a de meilleur dans la conscience moderne est le tourment de l'infini Sorel, RĂ©flexions sur la violence,1908, p. 3921. ... il le contemplait maintenant du mĂȘme regard avide qu'il eĂ»t regardĂ© sa propre conscience. Et comme sa propre conscience, il eĂ»t voulu aussi le jeter hors de lui, revenir dessus, le piĂ©tiner, l'anĂ©antir... Bernanos, L'Imposture,1927, p. 454.â SOCIOL. Conscience collective, ou commune, ou de groupe [Durkheim] Ensemble des faits psychiques reprĂ©sentations, idĂ©es, sentiments, aspirations, croyances, interdits... communs aux membres d'une mĂȘme sociĂ©tĂ©, qui se manifeste par les rites, les traditions, les institutions... et dont l'existence est particuliĂšrement ressentie lors de certains rassemblements. Ses poussĂ©es de fiĂšvre [de la monnaie], ses dĂ©pressions, ses surexcitations, ses langueurs correspondent Ă des maladies de la conscience collective A. Arnoux, Pour solde de tout compte,1958, p. 160.Rem. ,,Dans la psychologie des foules de G. Le Bon, la conscience collective est l'unitĂ© affective de la foule, rĂ©alitĂ© nĂ©e du rassemblement et de la tension groupale et dĂ©terminant les rĂ©actions, les conduites, les croyances de la masse qui se comporte comme un vaste corps. Cette conscience aurait pour caractĂ©ristique d'ĂȘtre incapable de rĂ©flexion ou d'intelligence et ne comporte que des sentiments et Ă©motions collectives, contagieuses et poussant Ă l'action immĂ©diate`` Mucch. Sc. soc. 1969.II.â [La conscience en tant qu'elle juge la moralitĂ© de ce qu'elle connaĂźt] Conscience morale. PropriĂ©tĂ© particuliĂšre de la conscience humaine supra I qui permet Ă l'homme de porter des jugements normatifs immĂ©diats, fondĂ©s sur la distinction du bien et du mal, sur la valeur morale de ses actes; connaissance intuitive, sentiment intime de cette valeur. La conscience prononce sur toutes choses avec l'Ă©quitĂ© Mmede StaĂ«l, De l'Allemagne,t. 4, 1810, p. 324.Je suis parvenu Ă avoir la ferme conviction que ... ce qu'on appelle conscience n'est que la vanitĂ© intĂ©rieure Flaubert, Correspondance,1838, p. 3922. L'entretien intime de deux scĂ©lĂ©rats n'est jamais long... Quelque secret que soit leur entretien, il a toujours deux insupportables tĂ©moins; Dieu, qu'ils ne voient pas; et la conscience qu'ils sentent. Hugo, Han d'Islande,1823, p. 180.â Allus. littĂ©r. ,,Science sans conscience n'est que ruine de l'Ăąme`` Rabelais, Pantagruel, II, 8. â P. mĂ©ton. de suj. [La conscience morale en tant qu'elle est le fait d'un ensemble de pers.] Conscience publique. ,,Un acte pareil est une insulte Ă la conscience publique`` du genre humain, conscience morale des nations cf. Durkheim, De la Division du travail soc., 1893, p. 4.⊠Par dĂ©rision 23. Quelques gĂ©nĂ©ralitĂ©s sans prĂ©cision sur la fidĂ©litĂ© et le dĂ©vouement que les salariĂ©s de toutes sortes doivent Ă ceux qui les emploient, sur la modĂ©ration avec laquelle ces derniers doivent user de leur prĂ©pondĂ©rance Ă©conomique, une certaine rĂ©probation pour toute concurrence trop ouvertement dĂ©loyale, pour toute exploitation par trop criante du consommateur, voilĂ Ă peu prĂšs tout ce que contient la conscience morale de ces professions. Durckheim, De la Division du travail soc.,1893p. [La conscience morale du point de vue de sa qualitĂ©, de ses diffĂ©rents degrĂ©s d'intensitĂ© apprĂ©ciĂ©s relativement au systĂšme des valeurs morales communes Ă tous les membres du groupe] Conscience droite, intĂšgre, dĂ©licate, scrupuleuse, timorĂ©e. Comme il n'Ă©tait Ă la cour que depuis quelques heures, sa conscience de province Ă©tait terriblement pointilleuse MĂ©rimĂ©e, Chronique du rĂšgne de Charles IX,1829, p. 108.Mon mari a beaucoup plus d'estime pour Michel Korsakof Ă cause de son caractĂšre irrĂ©ductible et pour sa conscience de granit G. Leroux, Rouletabille chez le tsar,1912, p. 39.â Conscience large. Conscience peu scrupuleuse. Synon. conscience facile, souple, Ă©lastique fam..Avoir la conscience large, facile, souple, Ă©lastique fam.. Ne pas ĂȘtre scrupuleux et se juger avec une grande indulgence. Synon. ne pas avoir la conscience chatouilleuse fam..Il ne me plaĂźt pas, comme Ă vous, de revenir sur des incidents oubliĂ©s. â C'est que vous avez la conscience facile EstauniĂ©, L'Empreinte,1896, p. 20124. ... les idĂ©alistes petits bourgeois n'ont pas toujours la conscience chatouilleuse; Ă l'occasion ils sont capables d'en encaisser gros sans broncher. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 547.â Homme de conscience. Homme de devoir. Ătre homme de conscience; avoir de la conscience. Avoir Ă conscience de + inf. Tenir pour une obligation de, se faire un devoir de. Faire preuve de conscience. Les hommes de conscience voulaient marcher avec la Constitution Ă laquelle on leur avait fait jurer d'ĂȘtre fidĂšles Mmede Chateaubriand, MĂ©moires et lettres,1847, p. 59.⊠[Dans un sens anton.] Homme sans conscience; ĂȘtre sans conscience; faire qqc. sans conscience; manquer de conscience; ne pas avoir de conscience. Tu es donc sans conscience, puisque tu enseignes et dĂ©montres des choses que tu ne sais pas Flaubert, Smarh,1839, p. 17.Votre conscience a besoin de trouver un Ă©cho dans une autre conscience. Vous tombez mal, Monsieur Ancelot, je n'ai pas de conscience AymĂ©, Travelingue,1941, p. 939.⊠Avec la conscience du devoir accompli. En jugeant avoir accompli son devoir conformĂ©ment au systĂšme moral acceptĂ© 25. ... mon pauvre homme voit la grande charrette de l'hĂŽtel riverain s'enfoncer sous les arbres ... et criant, sous le poids des malles et des valises, tandis que lui philosophe pensif, s'en retourne Ă la lueur des Ă©toiles avec sa brouette vide. ... mais il n'en vient pas moins lĂ chaque jour, avec la conscience du devoir accompli, ... Hugo, Le Rhin,1842, p. 290.â P. mĂ©ton. Personne douĂ©e d'une conscience morale particuliĂšrement vive, Ă laquelle elle se conforme sans compromis. Conscience droite; ĂȘtre une haute conscience, une conscience pure; tenir qqn pour une conscience. Il faut, en ces heures pĂ©rilleuses ... la tranquille rĂ©solution des hautes consciences dans l'accomplissement du devoir Clemenceau, L'IniquitĂ©,1899, p. 441.Clemenceau, qu'il [Swann] dĂ©clarait maintenant avoir tenu toujours pour une conscience, un homme de fer Proust, Le CĂŽtĂ© de Guermantes 2,1921, p. 582.B.â [La conscience morale du point de vue de son fonctionnement, en tant qu'entitĂ© personnelle, comme dĂ©tachĂ©e de soi et personnifiĂ©e, que l'on interroge ou interpelle, qui rĂ©agit et juge, avec laquelle il faut transiger, auprĂšs de laquelle on doit se justifier, qui manifeste son approbation ou sa dĂ©sapprobation avant ou aprĂšs l'accomplissement d'un acte...] Notre conscience est un juge infaillible, quand nous ne l'avons pas encore assassinĂ©e Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 150.Si vous avez... dans votre passĂ©... de ces... ces fautes qui troublent notre conscience... ne semblent pas... mĂ©riter de pardon... des fautes en apparence irrĂ©parables, ... le pouvoir m'est donnĂ© de vous en absoudre Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. 152026. ... au moment de contracter des devoirs envers cette dame, un scrupule de conscience m'est venu. Depuis le temps que j'ai perdu l'habitude de... de... de l'amour, enfin je ne savais plus si je serais encore capable de... de..., vous savez bien... Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, La Rouille, 1882, p. Conscience bourrelĂ©e, inquiĂšte; remords de conscience; ĂȘtre tourmentĂ© par sa conscience; se faire un scrupule de conscience de qqc.; interroger sa conscience, tenir Ă l'approbation de sa conscience, prendre le chemin tracĂ© par la conscience; composer, transiger, trouver des accommodements avec sa conscience; blesser, gĂȘner la conscience de qqn; conscience qui reproche qqc. Ă ,,La question de savoir si le jugement est antĂ©rieur ou postĂ©rieur au sentiment dans la conscience morale, est controversĂ©e selon J. Lachelier, ,,le propre de la conscience est d'approuver ou de blĂąmer, la joie et la douleur ne venant qu'aprĂšs le jugement moral``; selon M. BernĂšs, il faudrait au contraire la dĂ©finir propriĂ©tĂ© qu'a l'esprit humain de sentir la valeur morale, et de rendre ce sentiment explicite au moyen de jugements normatifs» Lalande 1968.â Voix de la conscience. Injonction de la conscience relative Ă un acte futur. Ătre attentif Ă la voix de sa conscience, Ă©touffer la voix de sa conscience. Il n'y a pas une voix qui vous crie [MgrSibour] que vous devez prĂȘter Ă la critique, pas une voix, celle de votre conscience moins que les autres, qui vous avertisse en secret E. Delacroix, Journal,t. 2, 1854, p. 143.Il [MrMachelin] se fit honte d'une pareille faiblesse, et Ă©couta la voix de sa conscience. Lucien Ă©pouserait l'apprentie modiste comme son devoir l'obligeait AymĂ©, Le Nain,1934, p. 79.Rem. ,,M. BernĂšs ajoute que l'expression classique la voix de la conscience » est une image qui n'a rien d'essentiel. Elle n'exprime que le caractĂšre immĂ©diat et spontanĂ© de la conscience; mais elle en fait disparaĂźtre l'intĂ©rioritĂ©. Elle se rattache Ă la conception thĂ©ologique d'un Dieu Ă©tranger qui se fait entendre dans l'Ăąme, non Ă la donnĂ©e psychologique d'une vie intĂ©rieure qui est nous-mĂȘmes. On peut remarquer d'autre part, en faveur de cette image, qu'elle correspond Ă un fait rĂ©el d'objectivation souvent observĂ© en psychologie; par exemple dans les dĂ©doublements de la conscience, l'inspiration artistique, etc.`` Lalande, 1968.â Crise, drame de conscience 27. Le seigneur communiste, demeurĂ© seul Ă l'Ă©cart du champ de bataille, se dĂ©battait dans une crise de conscience hĂ©sitant s'il marcherait contre le peuple. AymĂ©, Le Puits des images,1932, p. 72.â Affaire de conscience. ProblĂšme mettant en jeu la conscience morale parce qu'il implique, pour que soit prĂ©servĂ©e la paix de la conscience, le besoin et la nĂ©cessitĂ©, malgrĂ© certaines difficultĂ©s, de se conformer Ă une obligation morale. C'est une affaire de conscience; ce n'est pas une affaire de conscience; faire de qqc. une affaire de conscience. Il faut voir les choses comme elles sont. Quoi! d'ĂȘtre malade, ce n'est pas une affaire de conscience! Bernanos, La Joie,1929, p. 578.â Faire qqc. selon, suivant, contre sa conscience. Parler selon sa conscience. Agir contre sa conscience. [En parlant de qqc.] Ătre contre la conscience de qqc. Je dĂ©sapprouve toutes ces mesures; elles sont contre ma conscience, et je ne signerai pas Scribe, Bertrand et Raton,1833, IV, 5, p. 199.Si les juges ont dĂ©cidĂ© selon leur conscience, on ne saurait leur en faire un reproche AymĂ©, Vogue la galĂšre,1944, p. 46.â Avoir sa conscience pour soi. Avoir, quoi qu'il arrive, la certitude et la satisfaction d'agir â ou d'avoir agi â selon sa conscience. Il me reste ma conscience 28. Il avait renoncĂ© Ă beaucoup de choses, il n'Ă©crivait plus, il ne s'amusait pas tous les jours mais ce qu'il avait gagnĂ© en Ă©change, c'est qu'il avait sa conscience pour lui, et ça c'Ă©tait Ă©norme. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 217.â Bonne conscience. Conscience satisfaite de l'homme qui a le sentiment d'agir conformĂ©ment aux valeurs morales et de n'avoir aucun reproche Ă se faire. Avoir bonne conscience 29. MystĂ©rieuse candeur, et inquiĂ©tante, mais d'une inquiĂ©tude charmante et qui est Ă la fausse, Ă la coupable sĂ©curitĂ© du libertinage... la sĂ©curitĂ© mĂȘme, par l'effort incessant d'une bonne conscience... Verlaine, Confessions,1895, p. 118.⊠Synon. conscience conscience satisfaite est triste, et l'accomplissement du devoir se complique d'un serrement de cĆur Hugo, Les MisĂ©rables,t. 2, 1862, p. 408.⊠[Souvent par dĂ©rision] Convictions ». Mot qui permet de mettre, avec une bonne conscience, le ton de la force au service de l'incertitude ValĂ©ry, Mauvaises pensĂ©es et autres,1942, p. 178.⊠PĂ©j. Se donner bonne conscience. Trouver les accommodements et l'indulgence nĂ©cessaires vis-Ă -vis de soi-mĂȘme pour avoir Ă moindre frais le sentiment de s'acquitter de ses obligations morales et de n'avoir rien Ă se reprocher [Le suj. dĂ©signe qqc.] Donner bonne conscience Ă qqn; s'acheter une bonne conscience. Jamais cet homme ne crĂ©era un vrai parti de gauche; il sert tout juste d'alibi aux gens qui veulent s'acheter une bonne conscience Ă bas prix... S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 524.â Mauvaise conscience. Conscience insatisfaite et culpabilisĂ©e de l'homme qui a le sentiment de n'avoir pas â ou d'avoir mal â respectĂ© les valeurs morales. Avoir mauvaise conscience [Le suj. dĂ©signe qqn ou qqc.] Donner mauvaise conscience Ă qqn. Ainsi risque-t-elle [la littĂ©rature], aprĂšs avoir Ă©tĂ© au 18esiĂšcle, la mauvaise conscience des privilĂ©giĂ©s, de devenir, au 19esiĂšcle, la bonne conscience d'une classe d'oppression Sartre, Situations II,1948, p. 136.⊠Ătre la mauvaise conscience de qqn. Rappeler Ă qqn les raisons qu'il a d'avoir mauvaise conscience 30. Je le gĂȘne, tu comprends. .... Tu as vu le genre de gens qu'il frĂ©quente? Nous sommes sa mauvaise conscience; il ne demande qu'Ă s'en dĂ©barrasser. » S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 401.â Avoir la conscience nette, pure; ĂȘtre de conscience pure; conscience sans reproche; avoir la conscience tranquille; faire qqc. avec la conscience tranquille; avoir sa conscience en rĂšgle; se mettre en rĂšgle avec sa conscience; avoir la conscience en paix, en repos; assurer le repos de sa conscience; faire qqc. pour le repos de sa conscience, pour apaiser sa conscience. Rollin a rĂ©pandu sur les crimes des hommes le calme d'une conscience sans reproche Chateaubriand, GĂ©nie du christianisme,t. 2, 1803, p. 97.Elle qui n'avait jamais fait de mal, et dont la conscience Ă©tait si pure! Flaubert, Un CĆur simple,1877, p. 45.⊠P. iron. Le pauvre Bayvet se promenait tranquillement avec la conscience tranquille de ses cent mille livres de revenu E. Delacroix, Journal,t. 2, 1853, p. 90.⊠Par acquit de conscience; pour l'acquit de sa conscience littĂ©r.; p. ell., par conscience. Pour s'acquitter d'une obligation et assurer, quoi qu'il arrive, la tranquillitĂ© de sa conscience, mais sans conviction et en se donnant le moins de peine possible. Elle les talocha [les deux enfants] encore par conscience Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, En famille, 1881, p. 358.Je cherchai plutĂŽt par acquit de conscience qu'avec conviction s'il Ă©tait possible, ... de donner Ă mes attributions toute l'ampleur et toute l'autoritĂ© qui me paraissaient indispensables Joffre, MĂ©moires,1916, p. 431.â Loc. adv. En toute conscience. En toute honnĂȘtetĂ©, en toute probitĂ©. Ătre tenu en conscience de + inf.; en bonne conscience, en toute tranquillitĂ© de conscience; en sĂ»retĂ© de conscience. Sans porter aucunement atteinte Ă la conscience morale. Mes devoirs sont remplis et je ne me crois plus engagĂ© Ă rien en conscience Chateaubriand, Correspondance gĂ©n.,t. 2, 1789-1824, p. 11231. ... en demeurant irrĂ©prochable comme homme privĂ©, on pourra, comme homme public, ĂȘtre en sĂ»retĂ© de conscience et d'honneur le dernier des misĂ©rables. Lamennais, De la Religion,1repart., 1825, p. 45.⊠En mon Ăąme et conscience, dans ma conscience. Dans ma plus intime dĂ©rision. En mon Ăąme et conscience ... et la main sur le cĆur, je te trouve moche AymĂ©, Le BĆuf clandestin,1938, p. 131.⊠[Formule du serment que prononce le premier jurĂ© avant de faire connaĂźtre le verdict du jury] Sur mon honneur et ma conscience, devant Dieu et devant les hommes, la dĂ©claration du jury est...Jurer qqc. sur son Ăąme et conscience. Elle a repris son air affable quand je lui ai jurĂ© sur mon Ăąme et conscience que, ... le mĂ©tier de farceur littĂ©raire ne convenait nullement Ă mon caractĂšre et Ă ma position Janin, L'Ăne mort et la femme guillotinĂ©e,1829, p. 5.â [Loc. liĂ©es aux notions de faute et de remords en tant qu'ils sont ressentis par l'ĂȘtre humain comme ayant un caractĂšre pesant et constituant une charge Ă porter]⊠Fam. Avoir qqc. sur la conscience. Avoir un grave manquement Ă la morale Ă se reprocher. En avoir gros sur la conscience; se charger la conscience; mettre, laisser qqc. sur la conscience de qqn. Faire, laisser peser sur lui l'entiĂšre responsabilitĂ© de quelque chose. Observons les rĂšgles, afin de n'avoir aucun poids sur la conscience A. Arnoux, RĂȘverie d'un policier amateur,1945, p. 46.P. mĂ©taph., pop. ou arg. Se mettre un aliment sur la conscience. Mettre un aliment dans son estomac, charger son estomac de cet aliment, manger quelque chose. Se coller un cataplasme sur la conscience. Manger beaucoup. Allons, colle-toi ça sur la conscience, lui dit la bonne femme en lui tendant un bol de bouillon » Bruant, 1901, p. 207.⊠[Le suj. dĂ©signe un manquement aux valeurs morales ou le sentiment de culpabilitĂ© consĂ©cutif Ă ce manquement] Charger la conscience de qqn; peser sur/Ă la conscience de qqn; rester sur la conscience de qqn. Il y a un pĂ©chĂ© qui doit lourdement charger sa conscience A. Dumas PĂšre, Don Juan de Marana,1836, I, 4, p. 9.[Voiturier] sentait peser sur sa conscience trente cinq ans d'action anticlĂ©ricale et progressiste AymĂ©, La Vouivre,1943, p. 247.⊠Dire tout ce qu'on a sur la conscience. Dire, avouer tout ce que l'on a Ă se reprocher. DĂ©charger, soulager, libĂ©rer sa conscience. C.â P. [La conscience morale en tant que pouvoir, droit de juger et d'agir selon ce jugement]â LibertĂ© de conscience. LibertĂ© laissĂ©e Ă chacun, en particulier par les pouvoirs publics, de juger des doctrines, religieuse et philosophique notamment, qui lui conviennent, accompagnĂ©e de la libertĂ© d'y conformer sa vie. Respecter la libertĂ© de conscience, reprendre sa libertĂ© de conscience 32. ... celui qui n'est aux prises qu'avec des niais injustes doit s'interroger avant de leur cĂ©der, et partir de lĂ pour reconnaĂźtre qu'il n'y a nulle part, entre Dieu et lui, de contrĂŽle lĂ©gitimement absolu pour les faits de sa vie intime. La consĂ©quence Ă©tendue Ă tous de cette vĂ©ritĂ© certaine, c'est que la libertĂ© de conscience est inaliĂ©nable. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, p. 348.⊠Ătouffer, opprimer, violenter les consciences. EmpĂȘcher par quelque moyen, en particulier par la force et la rĂ©pression, l'usage et/ou la manifestation de la libertĂ© de conscience. ⊠DR. DU TRAVAIL, JOURN. Clause de conscience. Disposition lĂ©gale permettant Ă un journaliste de rompre le contrat le liant Ă son employeur, pour des raisons de libertĂ© de conscience, en cas de changement d'orientation du journal, et cela dans des conditions d'indemnisation Ă©quivalant Ă celles prĂ©vues pour les licenciements abusifs cf. G. Belorgey, Le Gouvernement et l'admin. de la France, 1967, p. 144.â Vendre sa conscience. Abandonner Ă d'autres personnes, en Ă©change de certains avantages, son pouvoir et son droit de juger par soi-mĂȘme et de se dĂ©terminer librement. Marchander, acheter la conscience de qqn. â Objection de conscience. Action d'objecter des devoirs supĂ©rieurs d'ordre religieux, ou simplement moral, pour refuser d'accomplir une obligation lĂ©gale; en partic., refus d'accomplir ses obligations militaires au nom de la religion, ou de la morale, qui condamne la violence et le fait de tuer. Objecteur de conscience. Celui qui oppose une objection de conscience Ă l'accomplissement de ses obligations militaires 33. Des militants de l'antimilitarisme comme des pacifistes comprirent que la dĂ©fense de la nation et de la justice ne faisait qu'un et que cette dĂ©fense exigeait parfois que l'on prenne les armes. Des objecteurs de conscience voulurent ĂȘtre des soldats. B. CacĂ©rĂšs, Hist. de l'Ă©duc. pop.,1964, p. [La conscience morale en tant qu'ensemble des jugements en fonction desquels une personne agit; par suite, la conscience en tant que lumiĂšre qui permet d'orienter ses actes, de diriger sa vie] Ăclairer, diriger, endormir, obscurcir les consciences. L'honneur national! » grommela-t-il, de nouveau. Tous les grands mots sont dĂ©jĂ mobilisĂ©s, pour endormir les consciences! ... » R. Martin du Gard, Les Thibault,L'ĂtĂ© 1914, 1936, p. 484.â P. mĂ©ton. [La conscience morale en tant que siĂšge des pensĂ©es, des sentiments les plus intimes ou les plus secrets] Lire, pĂ©nĂ©trer dans les consciences; sonder les consciences. Il avait le don de conseil; on l'appelait le voyant; il lisait dans les consciences Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 396.3. [La conscience morale considĂ©rĂ©e comme ayant son siĂšge dans le cĆur]a [Le passage de conscience Ă cĆur s'explique par le fait que le premier symbolise l'honnĂȘtetĂ© morale et le second la sincĂ©ritĂ©; p. rĂ©f. au geste qui consiste Ă mettre la main sur son cĆur pour protester de sa sincĂ©ritĂ©, et pour inviter qqn Ă dire la vĂ©ritĂ©] LittĂ©r., vieilli. Mettre la main sur la conscience. S'interroger en toute honnĂȘtetĂ©. Je parie que vous-mĂȘme vous avez fait vos farces. Voyons, la main sur la conscience, est-ce vrai? Maupassant, Une Vie,1883, p. 127.b MARBRERIE, SERR. ,,PiĂšce en bois ... garnie de fer ou seulement en fer, que l'on pose sur la poitrine pour soutenir et pousser le foret pendant qu'on le fait tourner avec un archet`` Chabat t. 1 1875, Chabat 1881. Plaque de conscience R. Champly, Nouv. Encyclop. pratique,t. 11, 1927, p. 89.D.â [La conscience morale du point de vue de son application dans des domaines particuliers]1. [La conscience morale appliquĂ©e aux obligations professionnelles] Conscience professionnelle. Scrupuleuse honnĂȘtetĂ© que l'on apporte Ă l'exĂ©cution de son travail, inspirĂ©e par le sens des exigences de sa profession accompagnĂ© de la volontĂ© de s'en acquitter au mieux quelles que soient les difficultĂ©s. Mettre beaucoup de conscience dans son travail; faire un travail avec conscience; travailler en conscience; travail qui est de conscience. Synon. conscience du/de mĂ©tier, conscience travail Ă©tait de conscience ... cent et cent fois j'avais fait, dĂ©fait et refait la mĂȘme page Chateaubriand, MĂ©moires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 251.Nous le vĂźmes [le nouveau] qui travaillait en conscience, cherchant tous les mots dans le dictionnaire et se donnant beaucoup de mal Flaubert, Madame Bovary,t. 1, 1857, p. 4.La conscience de certains journalistes est au niveau de leur talent Maupassant, Bel-Ami,1885, p. 15634. Ce manque de conviction dans la valeur de la tĂąche se traduit d'ailleurs chez nombre de bourgeois ... par un affaiblissement de la conscience professionnelle. AymĂ©, Le Confort intellectuel,1949, p. 146.â P. ext. Application, minutie, soin que l'on apporte Ă l'accomplissement d'un acte quelconque. J'ai recommencĂ© d'aujourd'hui Ă faire des armes. J'Ă©tudie avec conscience cet art compliquĂ© Flaubert, Correspondance,1847, p. 78.Et il [Voillenier] lisait le journal du matin avec la conscience qu'il apportait Ă ses moindres actions P. Bourget, Une Fille-mĂšre,1928, p. 199.â IMPRIM. Travail en conscience. Travail particuliĂšrement dĂ©licat pour l'exĂ©cution duquel on s'en rapporte Ă la conscience professionnelle du typographe qui est, en consĂ©quence, rĂ©munĂ©rĂ© Ă l'heure ou Ă la journĂ©e, contrairement Ă ce qui se passe pour le travail Ă la piĂšce. Une journĂ©e de conscience. Mettre un compositeur en conscience Ac. 1835-1932. Homme de conscience, Ă©quipe de conscience; ouvriers en conscience; ĂȘtre en conscience.⊠P. mĂ©ton. Ensemble des ouvriers travaillant en conscience. C'est ordinairement la conscience qui corrige les tierces oĂč se fait le travail en conscience, oĂč se tiennent les hommes de conscience. Aller Ă la conscience Ac. 1835-78. Ce compositeur travaille Ă la conscience [La conscience morale appliquĂ©e aux obligations religieuses]â Examen de conscience. Examen approfondi, prescrit par l'Ăglise, de ses pensĂ©es, de ses intentions, de ses actes du point de vue de leur valeur morale, fait en particulier pour se prĂ©parer Ă la confession. Faire son examen de conscience; examen de conscience quotidien. Ces examens de conscience tout faits, oĂč les imaginations pures se dĂ©pravent en rĂ©flĂ©chissant Ă des monstruositĂ©s ignorĂ©es Balzac, Splendeurs et misĂšres des courtisanes,1847, p. 51835. L'examen de conscience est un exercice favorable, mĂȘme aux professeurs d'amoralisme. Il dĂ©finit nos remords, les nomme, et par ainsi les retient dans l'Ăąme, comme en vase clos, sous la lumiĂšre de l'esprit. Ă les refouler sans cesse, craignez de leur donner une consistance et un poids charnel. Bernanos, L'Imposture,1927, p. 328.⊠P. ext. Examen de conscience politique. â Ătat fidĂšle de l'empire, sa prospĂ©ritĂ©. â IdĂ©es libĂ©rales de l'empereur sur la diffĂ©rence des partis Las Cases, Le MĂ©morial de Sainte-HĂ©lĂšne,t. 1, 1823, p. 447.Il entreprit ... un examen de conscience artistique de tous ses Ă©crits L. Capet, La Technique supĂ©rieure de l'archet,1916, prĂ©f., p. 6.â Cas de conscience. DifficultĂ© créée par une situation ambiguĂ« oĂč la conscience hĂ©site Ă se dĂ©terminer dans un sens prĂ©cis faute d'une prescription religieuse Ă laquelle se rĂ©fĂ©rer dans un tel Examen d'un cas de conscience; poser, rĂ©soudre un cas de conscience; cas de conscience qui pĂšse sur qqn.⊠Faire Ă qqn un cas de conscience de + subst. ou de + inf. Le tenir pour obligĂ© de faire quelque chose au nom de la morale, quelles que soient les difficultĂ©s qui en rĂ©sultent 36. C'est vraiment une dĂ©solation que de te voir rĂ©primer et lier avec je ne sais quels scrupules ton Ăąme, qui tend de toutes les forces de sa nature Ă se dĂ©velopper de ce cĂŽtĂ©. On t'a fait un cas de conscience de suivre cet entraĂźnement, et moi je t'en fais un de ne pas le suivre. M. de GuĂ©rin, Correspondance,1834, p. 128.⊠P. ext., cour. Situation conflictuelle dĂ©licate Ă rĂ©soudre, sa solution engageant la conscience morale du sujet; scrupule. Se faire un cas de conscience de qqc. a Avoir scrupule Ă faire quelque chose que l'on ressent comme allant Ă l'encontre de sa conscience morale. b Se tenir pour obligĂ© de faire quelque chose parce que l'on en ressent l'obligation morale. P. ell., vieilli. Se faire une conscience de + subst. ou de + inf. Se faire un cas de conscience de. C'est une conscience de. C'est un cas de conscience de. Si vous avez encore des scrupules, qu'Ă cela ne tienne tout cas de conscience est respectable Sandeau, Mllede La SeigliĂšre,1848, p. 118.C'est un mot de vĂ©ritĂ© que je te demande, et il ne faut pas te faire conscience de me le dire Sand, François le Champi,1850, p. 136.Quand nous touchions Ă un magnifique cas de conscience, et dans un problĂšme oĂč toute une nation Ă©tait intĂ©ressĂ©e, il ne pensa qu'Ă sa personne BarrĂšs, Au service de l'Allemagne,1905, p. 30.â Directeur de conscience. Homme d'Ăglise qui dirige la conscience de quelqu'un pour l'aider Ă vivre selon les valeurs morales et religieuses. Diriger la conscience de qqn. Avoir un directeur de conscience, avoir la conscience dirigĂ©e, cela lĂšve le cĆur de dĂ©goĂ»t LĂ©autaud, Journal littĂ©r.,t. 1, 1893-1906, p. 85.â HIST. Conseil de conscience. Conseil ecclĂ©siastique appartenant au conseil royal et chargĂ© de rĂ©gler certaines affaires ecclĂ©siastiques. Conseil de conscience de la reine Anne d'Autriche Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 509.Rem. On rencontre ds la docum. a Le verbe trans. conscienciser, nĂ©ol. d'aut. formĂ© sur le modĂšle d'humaniser. Donner la conscience Ă . L'homme est un fabricateur de conscient. Son Ă©minente dignitĂ© vient prĂ©cisĂ©ment de son aptitude Ă conscienciser » la nature et Ă l'humaniser L. Daudet, L'HĂ©rĂ©do, 1916, p. 108. b L'adj. conscientiel, ielle, philos. Qui est relatif Ă la conscience. Ătapes conscientielles cf. Philos. Relig., 1957, p. 3215. Le mouvement premier de la rĂ©flexion est... pour transcender la qualitĂ© conscientielle pure de douleur vers un objet-douleur Sartre, L'Ătre et le NĂ©ant, 1943, p. 401.Prononc. et Orth. [kÉ ÌsjÉ Ìs]. Ds Ac. 1694-1932. Ătymol. et Hist. I. Conscience morale A. 1. ca 1165 sentiment intĂ©rieur qui juge ce qui est bien et ce qui est mal » Livre des Rois, Ă©d. E. R. Curtius, II, XXIV, 10, p. 107; 1230, sept. bone conscience Ch. de Thib. de Champ., A. Mun. Troyes ds Gdf. Compl.; 1306 en leur consienche A. S. Omer, CXXI, piĂšce 3, ibid.; 1609 cas de conscience, v. cas; 2. av. 1569 libertĂ© de conscience [Louis de Bourbon, prince de] CondĂ©, MĂ©moires, p. 641 ds LittrĂ©; 3. 1721 conscience publique ensemble des opinions morales d'une sociĂ©tĂ© » Montesquieu, Lettres Persanes, 129, ibid.; 4. 1673 la poitrine considĂ©rĂ©e comme siĂšge de la conscience » mettre la main Ă la conscience s'examiner de bonne foi » MoliĂšre, Le Malade Imaginaire, I, 5. B. 1723 travail d'un typographe taxĂ© pour la durĂ©e, non pour la quantitĂ© d'effort produit » Savary des Bruslons, Dict. universel de comm.. II. Conscience psychologique 1. 1676 philos. Malebranche ds TrĂ©v. 1704 les philosophes entendent par la conscience, le sentiment intĂ©rieur qu'on a d'une chose dont on ne peut former d'idĂ©e claire et distincte; 2. 1762 sentiment que l'ĂȘtre humain a de ses Ă©tats et de ses actes » Rousseau, Emile, I ds LittrĂ©. Empr. au lat. class. conscientia proprement connaissance en commun » claire connaissance qu'on a au fond de soi-mĂȘme, sentiment intime, sentiment, conscience » [notion de bien et de mal]. FrĂ©q. abs. littĂ©r. 15 179. FrĂ©q. rel. littĂ©r. xixes. a 12 637, b 13 693; xxes. a 21 720, b 33 375. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 392. â La CharitĂ© R.. The Concept of judgment in Montaigne. The Hague, 1968, 149 p. â Lindemann R.. Der Begriff der Conscience im französischen Denken. Iena und Leipzig, 124 p.
David Alan Harvey 1. La conscience sensible Dans son sens le plus simple, le mot "conscience" dĂ©signe l'action de l'esprit par laquelle nous saisissons la prĂ©sence de ce qui est ici et maintenant, par laquelle nous "avons conscience" qu'il y a quelque chose. La conscience est ici synonyme de perception. âą Dans La phĂ©nomĂ©nologie de l'esprit, Hegel XIX° siĂšcle dĂ©finit la conscience sensible ou dĂ©sir comme la relation primordiale de tout organisme vivant Ă son milieu. [Nous verrons plus loin que cette cette dĂ©finition s'enracine dans la dĂ©finition donnĂ©e par Leibniz XVII° siĂšcle de la perception. ] ⊠La perception La question de la perception est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©e dans le cadre de la philosophie de la connaissance. La perception dĂ©finit la relation entre un sujet et un objet. La question que se pose la philosophie, est de ce savoir qu'est-ce qui nous est "donnĂ©" dans la perception ? S'agit-il d'un simple d'un signal produit par mon systĂšme nerveux en rĂ©action Ă un stimulus ou la perception nous permet-elle d'accĂ©der Ă l'existence rĂ©elle des objets ? â Lorsque je perçois un arbre que se passe-t-il ? âą Percevoir vient du latin percipere, "prendre ensemble", "rĂ©colter". Lorsque je perçois un arbre, je rassemble une sĂ©rie d'impressions ou de sensations - je vois une forme, je pressens la rugositĂ© du tronc, je sens l'odeur des feuilles.... - impressions que j'organise dans un tout dĂ©signĂ© par le mot "arbre". âą La sensation dĂ©signe le phĂ©nomĂšne psychique accompagnant une affection corporelle reçue par un ou plusieurs organe des sens, elle est ce qui rĂ©sulte de l'usage d'un sens externe ou interne. La perception ne se rĂ©duit pas Ă la simple sensation. Elle produit un jugement immĂ©diat qui mĂȘle le rĂ©el et la reprĂ©sentation que j'en ai. La perception est toujours au-delĂ de la sensation. Texte Percevoir c'est juger " Revenons Ă ce dĂ©. Je reconnais six taches noires sur une des faces. On ne fera pas de difficultĂ© d'admettre que c'est lĂ une opĂ©ration d'entendementÂč dont les sens fournissent seulement la matiĂšre. Il est clair que, parcourant ces taches noires, et retenant l'ordre et la place de chacune, je forme enfin, et non sans peine au commencement l'idĂ©e qu'elle sont six, c'est-Ă -dire deux fois trois qui font cinq et un. Apercevez vous la ressemblance entre cette action de compter et cette autre opĂ©ration par laquelle je reconnais que des apparences successives, pour la main et pour l'oeil me font connaĂźtre un cube ? Par oĂč il apparaĂźtrait que la perception est dĂ©jĂ une fonction de l'entendement, et que pour revenir Ă mon paysage, que l'esprit le plus raisonnable y met de lui-mĂȘme bien plus qu'il ne croit. Alain, La passion et la Sagesse, 1960 Âč entendement facultĂ© de comprendre par l'intelligence, pouvoir de connaĂźtre non sensible, opĂ©rant par concept. â Tout le problĂšme est de savoir si ce jugement rĂ©sulte d'une facultĂ© intellectuelle de l'esprit appliquĂ©e Ă un ordre sensible purement organique et matĂ©riel, ou si au contraire, ce jugement est impliquĂ© dans la sensation Ă tel point qu'on pourrait dire que "les sens jugent" d'eux-mĂȘmes ce qui se donnent Ă percevoir. -a Platon, Descartes la perception est un mĂ©lange de sensation et de jugement qui nous Ă©loigne de la vĂ©ritĂ© Platon et Descartes considĂšrent la perception dans son rapport Ă la vĂ©ritĂ©. Ils se demandent si la perception peut fonder une qualitĂ©s sont variablesdes objets qui soit fiable. Descartes prend l'exemple d'un bĂąton plongĂ© dans l'eau. Lorsque nous le regardons nous avons l'impression qu'il est brisĂ© alors que nous savons qu'il n'en est rien. La perception ne nous permet donc pas d'accĂ©der Ă une connaissance de la rĂ©alitĂ©. Elle ne nous donne que ce qui apparaĂźt. Or ce qui apparaĂźt n'est pas nĂ©cessairement ce qui est. Pour accĂ©der Ă la vĂ©ritĂ©, il convient donc de rechercher au-delĂ des apparences sensibles, dans un domaine mĂ©ta-physique, la rĂ©alitĂ© vĂ©ritable des objets de la connaissance. voir le cours sur l'AllĂ©gorie de la caverne de Platon. Texte Descartes Le morceau de cire ConsidĂ©rant un objet matĂ©riel apparemment facile Ă connaĂźtre un morceau de cire, Descartes montre que les corps matĂ©riels sont connus par l'intermĂ©diaire de l'esprit et non de la sensibilitĂ©. Commençons par la considĂ©ration des choses les plus communes, et que nous croyons comprendre le plus distinctement, Ă savoir les corps que nous touchons et que nous voyons. ... [ConsidĂ©rons notre connaissance des choses sensibles]. Prenons pour exemple ce morceau de cire qui vient d'ĂȘtre tirĂ© de la ruche il n'a pas encore perdu la douceur du miel qu'il contenait, il retient encore quelque chose de l'odeur des fleurs dont il a Ă©tĂ© recueilli ; sa couleur, sa figure, sa grandeur, sont apparentes ; il est dur, il est froid, on le touche, et si vous le frappez, il rendra quelque son. Enfin toutes les choses qui peuvent distinctement faire connaĂźtre un corps, se rencontrent en celui-ci. [Prenons par exemple un morceau de cire. Il possĂšde des qualitĂ©s distinctes] Mais voici que, cependant , sa couleur change que je parle, on l'approche du feu ce qui y restait de sa saveur s'exhale, l'odeur s'Ă©vanouit, sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s'Ă©chauffe, Ă peine le peut-on toucher, et quoiqu'on le frappe, il ne rendra aucun son. [Ces qualitĂ©s sont variables] La mĂȘme cire demeure-telle aprĂšs ce changement ? Il faut avouer qu'elle demeure, et personne ne peut le nier. Qu'est-ce donc que l'on connaissait en ce morceau de cire avec tant de distinction ? Certes ce ne peut ĂȘtre rien de tout ce que j'y ai remarquĂ© par l'entremise des sens, puisque toutes les choses qui tombaient sous le goĂ»t, l'odorat, ou la vue, ou l'attouchement, ou l'ouĂŻe, se trouvent changĂ©es, et cependant la mĂȘme cire demeure. [Quelque chose demeure mais qui ne tombe pas sous les sens] [et qui ne peut pas plus ĂȘtre imaginĂ©] Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce ce que je pense maintenant, Ă savoir que la cire n'Ă©tait pas cette douceur du miel, ni cette agrĂ©able odeur de fleurs, ni cette blancheur, ni cette figure, ni ce sont, mais seulement un corps qui un peu auparavant me paraissait sous ces formes, et qui maintenant se fait remarquer sous d'autres. Mais qu'est-ce, prĂ©cisĂ©ment parlant, que j'imagine, lorsque je la conçois en cette sorte ? ConsidĂ©rons le attentivement, et Ă©loignant toutes les choses qui n'appartiennent point Ă la cire, voyons ce qui reste. Certes il ne demeure rien que quelque chose d'Ă©tendu, de flexible et de muable. Or qu'est-ce que cela flexible et muable ? N'est-ce pas que j'imagine que que cette cire Ă©tant ronde est capable de devenir carrĂ©e, et de passer du carrĂ© en une figure triangulaire ? Non certes, ce n'est pas cela puisque je la conçois comme Ă©tant capable de recevoir une infinitĂ© de semblables changements, et je ne saurais nĂ©anmoins parcourir cette infinitĂ© par mon imagination, et par consĂ©quent cette conception que j'ai de la cire ne s'accomplit pas par la facultĂ© que j'ai d'imaginerÂč. Qu'est-ce que maintenant cette extension? N'est-elle pas aussi inconnue puisque dans la cire qui se fond elle augmente, et se trouve encore plus grande quand elle est entiĂšrement fondue, et beaucoup plus encore quand la chaleur augmente davantage ; et je ne concevrais pas clairement et selon la vĂ©ritĂ© ce qu'est la cire, si je ne pensais qu'elle est capable de recevoir plus de variĂ©tĂ©s selon l'extension, que je n'en ai jamais imaginĂ©. Il faut donc que je tombe d'accord, que je ne saurais pas mĂȘme concevoir par l'imagination ce que c'est que cette cire, et qu'il n'y a que mon entendement seul qui le conçoive. [C'est par l'entendement seul que nous connaissons la nature des choses.] Descartes, MĂ©ditations MĂ©taphysiques, seconde mĂ©ditation Âč pour Descartes, la facultĂ© d'imaginer ou l'imagination, est l facultĂ© de se reprĂ©senter les choses de maniĂšre sensible. -b Leibniz la perception est un rapport sensible au monde Leibniz critique la conception dualiste de l'ĂȘtre hĂ©ritĂ©e de Descartes dualiste qui se fonde sur la distinction entre deux sortes d'ĂȘtre ou de substance, la substance pensante ou spirituelle et la substance Ă©tendue ou matĂ©rielle. Avant d'ĂȘtre un mode de connaissance des choses, la perception est l'activitĂ© vitale de tout organisme en contact avec son "milieu". La perception exprime un rapport sensible qui se forme au contact du monde percevoir et avoir un corps, c'est un tout. Au lieu de se poser la question de l'adĂ©quation de la perception Ă son objet, Leibniz s'intĂ©resse Ă la formation de la perception et des idĂ©es. Il dĂ©crit le phĂ©nomĂšne de transition continue de l'impression sensible Ă l'aperception, c'est-Ă -dire Ă la perception accompagnĂ©e de conscience. La perception se dĂ©finit comme "l'Ă©tat passager qui enveloppe et reprĂ©sente une multitude dans l'unitĂ©". Autrement dit, la perception est ce moment limite oĂč une infinitĂ© d'impressions insensibles- ce que Leibniz appelle les petites perceptions inconscientes - tendent d'elles-mĂȘmes Ă se regrouper et passent dans le champ du perçu. Texte Leibniz Les petites perceptions Leibniz est un des premiers penseurs Ă explorer les mĂ©canismes de l'inconscient. Contrairement Ă ce que pensait Descartes, la conscience claire ne constitue pas la totalitĂ© du psychisme. Pour Leibniz, il existe des petites perceptions dont nous n'avons pas conscience. L'esprit est perpĂ©tuellement soumis Ă des sollicitations imperceptibles qui nous tiennent en haleine. Et pour juger encore mieux des petites perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j'ai coutume de me servir de l'exemple du mugissement ou du bruit de la mer, dont on est frappĂ© quand on est au rivage; pour entendre ce bruit, comme l'on fait, il faut bien qu'on entende les parties qui composent ce tout, c'est-Ă -dire le bruit de chaque vague, quoique chacun de ces petits bruits ne se fasse connaĂźtre que dans l'assemblage confus de tous les autres ensemble, c'est-Ă -dire dans ce mugissement mĂȘme, et ne se remarquerait pas, si cette vague qui le fait Ă©tait seule. car il faut qu'on soit affectĂ© un peu par le mouvement de cette vague, et qu'on ait quelque perception de chacun de ces bruits, quelques petits qu'ils soient ; autrement, on n'aurait pas celle de cent mille vagues, puisque cent mille riens ne sauraient faire quelque chose. ... Ces petites perceptions sont donc de plus grande efficace par leurs suites qu'on ne pense. Ce sont elles qui forment ce je ne sais quoi, ces goĂ»ts, ces images des qualitĂ©s des sens, claires dans l'assemblage mais confuses dans les parties, ces impressions que des corps environnants font sur nous, qui enveloppent l'infini ; cette liaison que chaque ĂȘtre a avec tout le reste de l'univers. Explication du texte Pour Leibniz, la perception est la reprĂ©sentation du multiple dans l'unitĂ©. Descartes avait conceptualisĂ© la perception distincte aperçue par la conscience l'aperception. Pour lui la perception distincte ou pensĂ©e constituait l'ensemble de l'activitĂ© du psychisme. Leibniz distingue par ailleurs des perceptions "les petites perceptions" insensibles dont on ne s'aperçoit pas. Ainsi de mĂȘme que le bruit de la mer est l'accumulation des petits bruits des vagues, les petites perceptions inconscientes concourent Ă la perception de l'ensemble et nous relient Ă l'ensemble de l'univers. En effet pour Leibniz toutes les choses communiquent dans l'univers. L'homme vit dans un monde oĂč "rien n'est comme une Ăźle dans la mer"critique du dualisme cartĂ©sien. Nous communiquons obscurĂ©ment avec le reste des choses, sans en avoir une claire conscience. -c La phĂ©nomĂ©nologie de la perception Husserl, Merleau-Ponty, XX° siĂšcle Leibniz ouvre la voie Ă une rĂ©flexion sur la formation du sujet sensible. Comme le montrent les philosophes sensualistes Condillac et empiristes Hume du XVIII° siĂšcle, on peut affirmer que "les sens jugent d'eux-mĂȘmes". La perception n'est pas extĂ©rieur Ă son objet mais elle est continuitĂ©, contact sensible, avec le monde. Texte Merleau-Ponty Le corps propre Le corps propre est dans le monde comme le coeur dans l'organisme il maintient continuellement en vie le spectacle visible, il l'anime et le nourrit intĂ©rieurement, il forme avec lui un systĂšme. Quand je me promĂšne dans mon appartement, les diffĂ©rents aspects sous lesquels il s'offre Ă moi, ne s'auraient m'apparaĂźtre comme les profils d'une mĂȘme chose si je ne savais pas que chacun d'entre eux reprĂ©sente l'appartement vu d'ici ou vu de lĂ , si je n'avais conscience de mon propre mouvement, et de mon corps comme identique Ă travers les phases du mouvement. Je peux Ă©videmment survoler en pensĂ©e l'appartement, l'imaginer ou en dessiner le plan sur le papier, mais mĂȘme alors je ne saurais saisir l'unitĂ© de l'objet sans la mĂ©diation de l'expĂ©rience corporelle, car ce que j'appelle un plan n'est qu'une perspective plus ample c'est l'appartement "vu d'en haut", et si je peux rĂ©sumer en lui toutes les perspectives coutumiĂšres, c'est Ă condition de savoir qu'un mĂȘme sujet incarnĂ© peut voir tour Ă tour de diffĂ©rentes positions. M. Merleau-Ponty, PhĂ©nomĂ©nologie de la perception, 1945 Explication du texte Dans ce texte, Merleau-Ponty dĂ©finit "le corps propre". Ici il ne s'agit pas du corps-objet, assemblage d'organes Ă©tudiĂ©s par le mĂ©decin ou le physiologiste. Le corps-propre est un corps en quelque sorte "existentiel". C'est le le lieu du vĂ©cu du sujet. Dans le premier paragraphe ce qui caractĂ©rise le corps propre, c'est qu'il forme un tout avec les choses. Il est en continuitĂ© spatiale et temporelle avec le monde. Il forme avec lui un ensemble organisĂ©, un "systĂšme". Il ne peut y avoir de monde que parce qu'il y a dans le monde un sujet dotĂ© d'un corps capable de faire l'expĂ©rience sensible du monde. L'exemple de l'appartement des deuxiĂšme et troisiĂšme paragraphes dĂ©veloppe cette idĂ©e. Le vĂ©cu du corps propre " la conscience de mon propre mouvement et de mon corps comme identique Ă travers les phases du mouvement" conditionne l'unitĂ© de l'objet. Sans la mĂ©diation du corps propre, les diffĂ©rentes perspectives ou aspects sous lesquels mon appartement s'offre Ă moi, ne pourraient constituer un seul objet mon appartement. A chaque perspective correspondrait alors un objet diffĂ©rent, un appartement diffĂ©rent. Ici ce principe unificateur n'est pas un principe intellectuel comme par exemple chez Descartes ou mĂȘme chez Kant, oĂč le Je est une fonction abstraite de l'entendement. En effet, chez M. Merleau-Ponty il n'y a pas de dualisme entre l'esprit et la matiĂšre. L'esprit et le corps ne font qu'un. Il ne peut y avoir d'objet de la pensĂ©e que parce qu'il y a une expĂ©rience sensible et conscience de cet objet. Kant avait dĂ©jĂ dĂ©veloppĂ© l'idĂ©e qu'il ne pouvait y avoir de connaissance du monde que parce qu'il y avait au prĂ©alable une expĂ©rience sensible du monde. Mais il affirmait ensuite la prééminence de la pensĂ©e rationnelle sur la matiĂšre. Maurice Merleau-Ponty pousse cette idĂ©e Ă son extrĂȘme limite sans affirmer aucun privilĂšge de la pensĂ©e sur le corps. Le sujet pensant "s'incarne" dans un corps concret dont l'existence sensible dans le monde conditionne l'apparition de toute expĂ©rience et de toute pensĂ©e. L'homme pense le monde parce qu'il le vit dans son corps. mots clĂ©s conscience, conscience sensible, sensation, perception, aperception, petites perceptions corps-propre
La notion de conscience renvoie Ă deux grandes significations. D'une part, la conscience peut ĂȘtre comprise comme conscience de soi elle dĂ©signe alors la facultĂ© de l'homme Ă ĂȘtre conscient de lui-mĂȘme de ses pensĂ©es, de ses actes, mais aussi du monde qui l'entoure. D'autre part, la conscience renvoie Ă la conscience morale elle dĂ©signe alors la capacitĂ© de tout individu Ă saisir le bien et le mal. IIntroduction Ă la notion de conscience La conscience est un terme trĂšs utilisĂ© dans le langage courant. On peut en distinguer deux grands sens la conscience psychologique et la conscience nombreuses expressions utilisent cette notion dans le domaine de l'action conscience morale aussi bien que dans celui de la connaissance conscience de soi. On dira que l'on est bien conscient que... » lorsqu'on veut signifier que l'on connaĂźt les risques ou les consĂ©quences de ce que l'on fait. On fait alors allusion d'une part Ă la connaissance, d'autre part Ă la responsabilitĂ©. Ătre conscient » a donc un sens trĂšs l'inverse, on dira que l'on agit sans avoir conscience de ce que l'on fait », c'est-Ă -dire que l'on agit machinalement », lorsqu'on ne prend pas le temps de rĂ©flĂ©chir Ă ce que l'on fait, en se laissant gouverner par des automatismes ».On peut Ă©galement relever des utilisations de la notion de conscience qui ont un autre niveau d'un groupe comme la sociĂ©tĂ©, on parlera de conscience historique ou de conscience politique on renvoie ici Ă un groupe d'idĂ©es partagĂ©es par un ensemble de personnes et relevant de la conscience collective ». Enfin, le terme de conscience s'utilise aussi Ă un niveau moral, comme lorsque l'on utilise les expressions avoir bonne ou mauvaise conscience », c'est-Ă -dire se sentir juste ou au contraire coupable, ou bien lorsque l'on dit qu'il faut juger en son Ăąme et conscience », c'est-Ă -dire en fonction de critĂšres conscience, dans le langage courant, prĂ©sente donc plusieurs sens. Peut-on proposer une dĂ©finition unifiĂ©e de la conscience ? Il est en tous cas possible de lui distinguer deux grands sens La conscience psychologique c'est la capacitĂ© de chaque individu Ă se reprĂ©senter ses actes et ses pensĂ©es. La conscience morale c'est cette sorte de juge intĂ©rieur » en chaque ĂȘtre humain qui lui permet de statuer sur le bien ou le mal. Ainsi, lorsque l'on dit de l'homme qu'il est conscient, cela signifie deux choses Qu'il se sait en relation avec une rĂ©alitĂ© extĂ©rieure par l'intermĂ©diaire du corps, des sens, sa conscience lui permet de saisir les objets qui l'entourent. Qu'il perçoit aussi une rĂ©alitĂ© intĂ©rieure, subjective celle de ses Ă©tats d'Ăąme, de ses dĂ©sirs, de ses souhaits. Conscience La conscience est l'apprĂ©hension directe par un sujet de ce qui se passe en lui et hors de lui-mĂȘme. Ainsi, ĂȘtre conscient de soi, c'est avoir la facultĂ© de comprendre ses pensĂ©es, ses actes, mais Ă©galement de percevoir et comprendre le monde qui nous entoure. IILa conscience de soi La conscience de soi rĂ©vĂšle Ă l'ĂȘtre humain sa propre existence, c'est l'enseignement du cogito de RenĂ© Descartes. Emmanuel Kant affirme que la conscience de soi se construit Ă partir de diffĂ©rentes reprĂ©sentations unies par la conscience. La psychologie scientifique va critiquer cette idĂ©e de la conscience de soi. AL'expĂ©rience du cogito Pour Descartes, la conscience de soi permet Ă l'ĂȘtre humain de rĂ©aliser qu'il existe. La conscience de soi est la certitude premiĂšre, l'ĂȘtre humain en fait l'expĂ©rience avec le son ouvrage Discours de la mĂ©thode, RenĂ© Descartes met en Ă©vidence la capacitĂ© de l'homme Ă se saisir comme ĂȘtre pensant Ă travers l'expĂ©rience de pensĂ©e du cogito. Il cherche une certitude, la certitude premiĂšre, sur laquelle l'ĂȘtre humain peut compter. Il dĂ©cide de mettre en doute tout ce qui existe c'est l'expĂ©rience du doute gĂ©nĂ©ralisĂ©. Le monde, le corps, tout n'est peut-ĂȘtre qu'illusion, qu'hallucinations, que sortilĂšges d'un malin gĂ©nie. Descartes va jusqu'Ă douter de sa propre existence, et rĂ©alise alors qu'il sait qu'il est en train de douter, car le doute est une pensĂ©e. Pour lui, c'est un signe cette pensĂ©e est la preuve qu'il existe. Il en vient Ă dire que pour penser, il faut ĂȘtre cogito ergo sum, autrement dit je pense, donc je suis ». Pour Descartes, la conscience de soi est la certitude premiĂšre, elle permet d'assurer que l'homme existe. Par le mot penser, j'entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l'apercevons immĂ©diatement par nous-mĂȘmes. »Les Principes de la philosophieLe cogito cartĂ©sien est le raisonnement par lequel RenĂ© Descartes aboutit Ă la dĂ©finition de la certitude premiĂšre comme Ă©tant celle de la conscience de la conscience qui fait dĂ©couvrir que l'on existe et, plus spĂ©cifiquement, que l'on existe comme chose pensante. Cette connaissance doit servir de fondement et de modĂšle pour toute forme de connaissance. Descartes pose l'existence de la conscience comme une premiĂšre certitude, qui met fin Ă tout doute antĂ©rieur. BLes diffĂ©rentes reprĂ©sentations de soi unies par la conscience Pour Emmanuel Kant, le moi peut se construire Ă partir de diffĂ©rentes reprĂ©sentations. Ces diffĂ©rentes reprĂ©sentations sont unies grĂące Ă la conscience. Selon Kant, c'est ce qui permet Ă l'homme d'ĂȘtre un sujet. Emmanuel Kant se demande si l'on peut penser la conscience comme chose, mĂȘme comme une chose pensante. Dans Critique de la raison pure, le philosophe cherche comment les diffĂ©rentes reprĂ©sentations de soi que l'ĂȘtre humain a de lui-mĂȘme sont unifiĂ©es. Il Ă©tudie ainsi les sensations de l'ĂȘtre humain, qui sont diffĂ©rentes selon les instants et les lieux oĂč l'on se trouve. Il en conclut que c'est la conscience qui permet d'unifier ces diffĂ©rentes sensations, ces diffĂ©rents moments que l'on vit. La capacitĂ© de l'homme d'unifier toutes ses reprĂ©sentations tient au fait qu'il puisse dire je ». Cette capacitĂ© exprime le pouvoir unificateur de la conscience. L'homme est le seul ĂȘtre Ă possĂ©der une conscience lui seul, Ă partir d'un certain Ăąge, a le pouvoir de dire je ». L'utilisation de ce simple pronom est la concrĂ©tisation de la capacitĂ© du sujet Ă se reprĂ©senter comme un sujet unifiĂ©. Ătre sujet, pour Kant, c'est avoir la capacitĂ© d'unifier toutes ses reprĂ©sentations. CLes critiques de la conscience de soi La psychologie scientifique va dĂ©velopper l'hypothĂšse selon laquelle la conscience de soi repose entiĂšrement sur les mĂ©canismes de fonctionnement du psychologie scientifique, qui se dĂ©veloppe Ă partir du XIXe siĂšcle, va Ă©mettre une critique virulente Ă l'Ă©gard de la notion philosophique de conscience. Pour elle, cette notion est trop attachĂ©e Ă celle d'esprit, c'est-Ă -dire Ă l'idĂ©e d'une rĂ©alitĂ© spirituelle. Et pour cette raison, elle ne permet pas de traiter scientifiquement de cette rĂ©alitĂ© qu'est la conscience de Ă l'idĂ©e d'une conscience de soi comme sentiment d'existence de soi-mĂȘme, la psychologie scientifique, incarnĂ©e notamment par le courant bĂ©havioriste, va dĂ©velopper l'hypothĂšse selon laquelle la conscience de soi repose entiĂšrement sur les mĂ©canismes de fonctionnement du cerveau. BĂ©haviorisme Le bĂ©haviorisme de l'anglais behavior, comportement » est un courant de psychologie qui affirme que la conscience n'est qu'un mythe. Selon ce courant, l'Ă©tude du psychisme ne peut passer que par l'Ă©tude des mĂ©canismes corporels, notamment cĂ©rĂ©braux, tels qu'ils sont manifestĂ©s par les conduites que l'on peut observer, plutĂŽt que par les reprĂ©sentations de la conscience. IIILa conscience de soi et le monde extĂ©rieur L'homme a besoin du rapport au monde extĂ©rieur pour prendre conscience de lui-mĂȘme. La conscience est toujours conscience de quelque chose, c'est l'intentionnalitĂ© telle que la dĂ©finit Husserl. La conscience de soi se fait notamment grĂące Ă la confrontation avec autrui. La conscience de soi est forcĂ©ment influencĂ©e par la sociĂ©tĂ© dans laquelle l'ĂȘtre humain Ă©volue. ALa conscience comme intentionnalitĂ© La conscience n'est jamais pure conscience de soi, mais toujours conscience de quelque chose. Edmund Husserl utilise le terme d'intentionnalitĂ© pour dĂ©finir le fait que la conscience est toujours conscience de quelque conscience est toujours conscience de quelque chose, on ne peut donc pas la penser indĂ©pendamment des objets qu'elle vise. C'est toujours un objet que la conscience vise, son intention est de saisir l'extĂ©rieur, de saisir ce qu'il y a autour de soi. Si j'observe un oiseau, c'est moi qui regarde l'oiseau. Mais je ne peux pas m'observer moi-mĂȘme regardant l'oiseau, car je ne peux pas sortir de ma conscience. L'oiseau est Ă l'extĂ©rieur de moi, c'est ma conscience qui cherche Ă saisir ce qu'est cet oiseau, ce qui est Ă l'extĂ©rieur de moi. Ainsi, pour Husserl, la conscience n'est pas conscience d'elle-mĂȘme, enfermĂ©e sur elle-mĂȘme, elle est toujours conscience d'autre chose d'extĂ©rieur. Le mot intentionnalitĂ© ne signifie rien d'autre que cette particularitĂ© fonciĂšre et gĂ©nĂ©rale qu'a la conscience d'ĂȘtre conscience de quelque chose. »IdĂ©es directrices pour une phĂ©nomĂ©nologieL'objet visĂ© par la conscience n'est pas forcĂ©ment un objet que l'on peut toucher, un objet que l'on voit. Cet objet peut-ĂȘtre soi-mĂȘme, mais aussi un sentiment, quelque chose d'immatĂ©riel. L'IntentionnalitĂ©. ProblĂšmes de philosophie de l'esprit© Ăditions Odile Jacob, 2004L'objet visĂ© par la conscience peut donc ĂȘtre un objet immatĂ©riel tel que l'amour, l'espoir, la croyance. On le voit, la notion d'objet est ici prise au sens large il s'agit de tout ce que peut penser la conscience comme diffĂ©rent d'elle-mĂȘme, qui caractĂ©rise un sujet. BLa conscience face Ă autrui L'homme a besoin du rapport Ă autrui pour prendre conscience de lui-mĂȘme. La confrontation Ă l'altĂ©ritĂ©, c'est-Ă -dire Ă autrui, est nĂ©cessaire Ă la constitution de la conscience de son ouvrage PhĂ©nomĂ©nologie de l'esprit, Hegel traite de la conscience. Pour Hegel, l'existence d'autrui est indispensable Ă l'existence de la conscience de soi, on ne peut y accĂ©der que si autrui nous reconnaĂźt. C'est ce qu'il dĂ©veloppe dans la dialectique du maĂźtre et de l'esclave. La dialectique du maĂźtre et de l'esclave La conscience veut qu'une autre conscience la reconnaisse comme conscience. Cette confrontation avec l'autre mĂšne Ă l'inĂ©galitĂ© et l'asservissement, car chacun souhaite asservir l'autre pour ĂȘtre reconnu par lui. Si l'on prend deux hommes qui ainsi s'affrontent, l'un des deux va ĂȘtre prĂȘt Ă mourir pour ĂȘtre reconnu, l'autre va prĂ©fĂ©rer la soumission plutĂŽt que la mort. Le premier devient donc le maĂźtre, le second devient l'esclave. Le maĂźtre accĂšde Ă la conscience de lui-mĂȘme uniquement parce que l'autre l'a reconnu. L'esclave, quant Ă lui, a pris conscience de lui-mĂȘme en ressentant la fragilitĂ© de son existence et la possibilitĂ© de sa mort. Dans les deux cas, la conscience de soi a nĂ©cessitĂ© la reconnaissance d'autrui. Pour avoir rĂ©ellement conscience et connaissance de lui-mĂȘme, l'homme a besoin du rapport Ă autrui il prend conscience de lui Ă travers le regard et la reconnaissance des autres. La conscience rencontre ainsi d'autres consciences, c'est ainsi, pour Jean-Paul Sartre, qu'elle devient conscience de soi. En effet, l'ĂȘtre humain dĂ©couvre son existence et sa singularitĂ© en se confrontant Ă une autre conscience, en se confrontant Ă autrui. Pour Sartre, la conscience de soi n'est donc pas, comme le pense Descartes, une rĂ©alitĂ© dont on prend conscience dans la solitude, mais plutĂŽt dans le rapport Ă l'autre. J'ai un dehors, j'ai une nature ; ma chute originelle, c'est l'existence de l'autre. »© Gallimard, coll. BibliothĂšque des idĂ©es, 1943Pour Sartre, autrui est l'autre qui n'est pas soi, mais qui nous ressemble, et cette altĂ©ritĂ© cette diffĂ©rence permet d'accĂ©der Ă la conscience de soi. Sans autrui, l'ĂȘtre humain ne peut avoir la mĂȘme conscience de lui-mĂȘme. Des individus isolĂ©s, comme Robinson CrusoĂ©, peuvent devenir fous s'ils ne se crĂ©ent pas une forme artificielle d'altĂ©ritĂ©. CL'influence de la sociĂ©tĂ© sur la conscience de soi Si le monde extĂ©rieur est dĂ©terminant dans la construction de la conscience de soi, le fait que l'homme vive au milieu d'autres hommes est probablement un fait tout aussi dĂ©terminant. Karl Marx explique ainsi que l'ĂȘtre humain ne peut avoir pleinement conscience de lui-mĂȘme que s'il a conscience de l'influence de la sociĂ©tĂ© dans laquelle il Ă©volue, de la place qu'il y occupe. Karl Marx considĂšre que le systĂšme de pensĂ©e de chacun est conditionnĂ© par ses conditions matĂ©rielles d'existence ». Autrement dit, l'appartenance Ă une classe sociale dĂ©terminĂ©e mais aussi Ă un moment de l'histoire prĂ©cis dĂ©termine en grande partie la perception que l'homme a de pour que l'individu parvienne Ă une conscience complĂšte et transparente de lui-mĂȘme, il faut qu'il ait conscience de l'influence du milieu social et historique dans lequel il Ă©volue. Ce n'est pas la conscience des hommes qui dĂ©terminent leur existence c'est au contraire leur existence sociale qui dĂ©termine leur conscience. »PrĂ©face de la Contribution Ă la critique de l'Ă©conomie politiquePour Marx, ce n'est pas la conscience qui dĂ©termine ce qu'est l'ĂȘtre humain, ce sont les conditions matĂ©rielles qui vont dĂ©terminer sa façon de penser et de se reprĂ©senter sa vie et son monde. Pour Karl Marx, la condition socio-Ă©conomique de l'ĂȘtre humain prime sur sa conscience. On parle de matĂ©rialisme philosophique. IVLa conscience morale Si la conscience est, comme on l'a vu, conscience de soi et capacitĂ© de se construire en relation avec le monde extĂ©rieur, cette notion dĂ©signe Ă©galement la capacitĂ© de chaque individu de saisir par lui-mĂȘme, par intuition », les valeurs morales. La conscience morale est une sorte de juge intĂ©rieur » prĂ©sent en chaque ĂȘtre humain qui lui permet de statuer sur le bien ou le mal. Cette conscience morale est parfois dĂ©finie comme Ă©tant un instinct » de l'ĂȘtre humain. Elle se caractĂ©rise par son universalitĂ©. ALa conscience morale comme instinct La conscience morale est dĂ©finie comme Ă©tant naturelle ou innĂ©e en l'ĂȘtre humain, elle serait comme un instinct pour Rousseau. Jean-Jacques Rousseau est l'un des penseurs qui dĂ©fend le plus fortement l'idĂ©e qu'il existe un sens naturel de la morale, c'est-Ă -dire une capacitĂ© innĂ©e Ă saisir ce que sont le bien et le mal. Avant mĂȘme que les humains ne vivent dans des sociĂ©tĂ©s constituĂ©es, rĂ©gies par des lois et oĂč des institutions transmettent des croyances morales, accompagnĂ©es de jugements, ils sont capables de sens moral. Conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et cĂ©leste voix ; guide assurĂ© d'un ĂȘtre ignorant et bornĂ©, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rend l'homme semblable Ă Dieu, c'est toi qui fais l'excellence de sa nature et la moralitĂ© de ses actions. »Jean-Jacques Rousseau dĂ©finit la conscience comme un instinct divin » c'est un moyen immĂ©diat et infaillible de reconnaĂźtre le bien et le mal. Pour Rousseau, la conscience morale, instinct divin » qui permet de reconnaĂźtre le bien et le mal, est donc innĂ©e elle est renforcĂ©e par la pitiĂ©, ce sentiment qui fait partager Ă tout ĂȘtre humain la souffrance d'autrui. Pourtant, Rousseau dit aussi que la perfectibilitĂ©, c'est-Ă -dire le dĂ©veloppement de la raison, conduit l'homme Ă l'immoralitĂ©. Cela suppose que l'homme vit dĂ©jĂ en sociĂ©tĂ©, ce qui corrompt son sens est bon naturellement, mais le dĂ©veloppement de la raison et la vie en sociĂ©tĂ© Ă©touffent ce sens moral. Dans cette situation, c'est Ă la raison, bien comprise, qu'il appartient de rĂ©tablir la moralitĂ© ce sera l'un des buts du contrat social », la loi corrigeant les effets de l'immoralitĂ© entraĂźnĂ©e par le dĂ©veloppement des sociĂ©tĂ©s dans l'histoire. BL'universalitĂ© de la conscience morale Pour Emmanuel Kant, la conscience morale rĂ©side dans une loi universelle que tout ĂȘtre humain se donne Ă lui-mĂȘme. Il fait reposer cette conscience morale sur des impĂ©ratifs catĂ©goriques universels. Selon Kant, la morale repose sur des impĂ©ratifs catĂ©goriques qui indiquent Ă l'homme ce qu'il doit faire. Ces impĂ©ratifs sont universels ils s'appliquent Ă tout le monde, sans exception et sans considĂ©ration d'aucun intĂ©rĂȘt autre que moral. La formulation principale de l'impĂ©ratif catĂ©gorique est la suivante Agis uniquement d'aprĂšs la maxime qui fait que tu peux vouloir en mĂȘme temps qu'elle devienne une loi universelle. »Fondements de la mĂ©taphysique des mĆursPour Kant, avant d'agir, il faut toujours se demander s'il serait souhaitable que tout le monde agisse en fonction du mĂȘme principe. Autrement dit, il faut se demander si ce qui motive l'action de l'individu, le principe qui la commande, pourrait ĂȘtre une rĂšgle universelle. Si c'est impossible, alors l'action n'est pas l'on s'apprĂȘte Ă mentir, il faut se demander s'il est possible de souhaiter que le mensonge devienne une rĂšgle universelle un principe. Pour le mensonge, on voit bien qu'on ne peut pas souhaiter que le mensonge devienne une rĂšgle gĂ©nĂ©rale des relations humaines aucune confiance ne serait alors appelle cette expĂ©rience de pensĂ©e le test d'universalisation de la maxime de l'action. Il s'agit de se demander ici si la rĂšgle d'une action, ce qui la motive, est universalisable.
En effet, Nietzsche a certainement envoyĂ© les attaques les plus rudes contre toute prĂ©tention de "certitude immĂ©diate", la certitude cartĂ©sienne du Cogito autant que les certitudes empirico-sensualistes ,ou encore les philosophies post-kantiennes et post-hegelienne... Il est donc bien normal que tout passe sous le marteau nietzschĂ©en. Car, pour l'auteur, la "vĂ©ritĂ©" - encore faudrait-il en dĂ©finir le sens - se retrouve dĂ©pourvue de tout argument lorsqu'elle ne sort pas vainqueur d'un combat qui puisse justifier sa puissance. Dans le premier aphorisme de "Par delĂ ..." Nietzsche pose d'emblĂ©e le souci qui guide tout le livre. Mais sur qui peut-on compter pour la mise en combat? EnvoyĂ© par Nietzsche Au fond, qui pose les questions? Qu'est-ce donc en vous qui veut la "vĂ©ritĂ©"?" De fait, la question de l'origine de ce vouloir nous a longtemps retenu, jusqu'Ă ce que enfin une question encore plus essentielle nous ait dĂ©finitivement arrĂȘtĂ©s celle de la valeur de cette volontĂ©. [...] Le problĂšme de la valeur de la vĂ©ritĂ© s'est-il prĂ©sentĂ© Ă nous, ou est-ce nous qui l'avons abordĂ©?§1 "Par delĂ ..." n'est pas un livre de solutions, mais un ensemble rĂ©flexions problĂ©matiques Ă l'oeuvre, de problĂšmes non pris en compte dans l'hiustoire, montrant la nĂ©cessitĂ© d'une rĂ©elle jeunesse, d'une pensĂ©e libre, la nĂ©cessitĂ© d'un dĂ©passement des philosophies transmises par l'histoire. De douter et faire douter, en somme, Ă partir de nouvelles "perspectives" de recherche. Mais la mise en garde du dĂ©but du livre est Ă©galement importante, car selon Nietzsche, cette recherche "comporte un risque, et peut-ĂȘtre le plus grand des risques", Ă savoir la tendance de se figer en doctrine ce qui reviendrait Ă en faire un traitĂ© de morale. Comme Nietzsche l'Ă©crivait Ă son ami Jacob Burckhardt en 1886, lorsqu'il lui envoya un exemplaire du livre EnvoyĂ© par Nietzsche "Les conditions effrayantes de tout accroissement de la culture, le rapport inquiĂ©tant entre ce qu'on appelle "l'amĂ©lioration" de l'homme ou carrĂ©ment son "humanisation" et l'augmentation du type "homme", surtout la contradiction qui existe entre toute conception morale et toute conception scientifique de la vie, [...] voilĂ , ce me semble, un problĂšme que nous ne partageons, Dieu merci, qu'avec un tout petit nombre de vivants et de morts. Poser ce problĂšme, c'est peut-ĂȘtre l'entreprise la plus hardie qui soit, et la plus dangereuse, non pour celui qui l'ose, mais pour ceux auxquels il s'adresse". DeriĂšre la critique nietzschĂ©enne de la philosophie, il n'y a pas le souci de descendre un philosophe, mais de rendre possible une pensĂ©e actuelle, un diagnostic sur l'Ă©tat prĂ©sent fin du XVIIIe qui ne soient pas vĂ©rolĂ©s d'impossibilitĂ©s a priori transmises par l'histoire, mais dont le sens se retrouve diluĂ© et Ă©merge sous forme d'Ă©vidences. En effet, les a priori historiques Ă©taient encore tellement pesants principalement Kant et Hegel que toute proposition de recherche philosophique psychologique,... s'en retrouvait freinĂ©e a priori. Bref, l'Allemagne, pour nietzsche, n'a pas encore fait sa Renaissance, elle ne l'a fait que par procuration. VoilĂ le grand reproche de Nietzsche la "culture" par procuration et le lourd bagage historique que recouvrent les pensĂ©es "modernes". Ainsi, par rapport Ă Descartes, le problĂšme de Nietzsche tient en deux aspects 1 Les erreurs manifestes de raisonnement et les consĂ©quences actuelles. D'ou la nĂ©cessitĂ© du "diagnostic" des prĂ©supposĂ©s historiques qui ont rendu vicieu toute innovation... 2 L'importance de Descartes, Kant, Hegel,etc. en tant que limites qui nous sont donnĂ©es Ă dĂ©passer et non pas Ă suivre bĂȘtement... Ainsi d'un point de vue analytique, Nietzsche rĂ©cuse l'intuition mĂȘme de Descartes, en tant que celle-ci implique toujours un "prĂ©jugĂ©", un Ă©lĂ©ment d' interprĂ©tation hĂ©tĂ©rogĂšne prĂ©alable qu'on "oublie". EnvoyĂ© par Nietzsche [...] ce "je pense" suppose que je compare, pour Ă©tablir ce qu'il est, mon Ă©tat du moment Ă d'autres Ă©tats que m'a rĂ©vĂ©lĂ©s l'expĂ©rience de mon moi ; du fait que je doive me reporter ainsi Ă un "savoir" venu d'ailleurs, ce "je pense" n'a donc pour moi aucune certitude immĂ©diate. §16 Mais, comme Nietzsche ne veut pas tomber en excĂšs mais analyser finement, il soumet sa propre critique, en contrepoint, au tribunal de la vie en posant en la question "Monsieur, [...] pourquoi est-ce absolument la vĂ©ritĂ© qu'il vous faut?" Question qui, en poassant, semble, Ă premiĂšre vue, rejoindre le propos des ConsidĂ©rations Inactuelles II, oĂč Nietzsche critiquait dĂ©jĂ tout savoir en les soumettant au "tribunal de la vie" EnvoyĂ© par Nietzsche [...]nous sommes devenus inaptes Ă vivre, Ă voir et Ă entendre dâune façon simple et juste, Ă saisir avec bonheur ce quâil y a de plus naturel, et jusquâĂ prĂ©sent nous ne possĂ©dons pas mĂȘme la base dâune culture, parce que nous ne sommes pas persuadĂ©s quâau fond de nous-mĂȘmes nous possĂ©dons une vie vĂ©ritable. ĂmiettĂ© et Ă©parpillĂ© çà et lĂ ; dĂ©composĂ©, en somme, presque mĂ©caniquement, en une partie intĂ©rieure et une partie extĂ©rieure ; parsemĂ© de concepts comme de dents de dragons, engendrant des dragons-concepts ; souffrant de plus de la maladie des mots ; dĂ©fiant de toute sensation personnelle qui nâa pas encore reçu lâestampille des mots ; fabrique inanimĂ©e, et pourtant Ă©trangement active, de mots et de concepts, tel que je suis jâai peut-ĂȘtre encore le droit de dire de moi je pense, donc je suis, mais non point je vis, donc je pense. Lâ ĂȘtre » vide mâest garanti, non point la vie » pleine et verdoyante. Ma sensation primitive me dĂ©montre seulement que je suis un ĂȘtre pensant, mais non point que je suis un ĂȘtre vivant, que je ne suis pas un animal, mais tout au plus un cogital. Donnez-moi dâabord de la vie et je saurai vous en faire une culture ! â Câest le cri que poussera chaque individu de cette premiĂšre gĂ©nĂ©ration. Et tous les individus se reconnaĂźtront les uns les autres Ă ce cri. Qui donc voudra leur donner cette vie ? ConsidĂ©rations Inactuelles II C'est la bĂȘtise mĂȘme que fustige alors Nietzsche, de penser qu'il faille dĂ©montrer les causes de la vie pour que cette vie soit effective. La pensĂ©e n'est pas seulement douteuse comme concept, elle ne rĂ©cuse pas l'hypothĂšse selon laquelle elle puisse ĂȘtre une nĂ©cessitĂ© "instinctive" "la plus grande partie de la pensĂ©e consciente doit aussi ĂȘtre rangĂ©e parmi les activitĂ©s de l'instinct, y compris la pensĂ©e philosophique"§3. Encore une fois, c'est de l'utilitĂ© pour la vie que rĂ©clame Nietzsche, ce qui lui fait dire en §4, non sans ironie, que "les jugements les plus faux les jugements synthĂ©tiques a priori sont du nombre nous sont les plus indispensables [...] au point que renoncer au jugement faux serait renoncer Ă la vie, nier la vie. Que le non-vrai soit une condition de la vie". On comprend alors quel est le problĂšme des fondements mĂ©taphysiques selon Nietzsche ils sont tautologiques et derriĂšre un discours sur ce que les choses sont "vĂ©ritablement", elles ne disent que comment elles doivent ĂȘtre. Elles ne permettent pas de dĂ©passer le statut de point de vue. Et pour l'expliquer, Nietzsche y ajoute des facteurs psychologiques "amour de sa propre philosophie", Ă©gocentrisme, naĂŻvetĂ©, prise de pouvoir, sur-rĂ©action... Or, si la vertu se dit sur l'exemple de ces philosophes, savants, artistes, etc. qui se sont trompĂ©s ou ont rusĂ© de multiples façons alors il faut en conclure que cette mĂȘme vertu est antinomique, ou plutĂŽt, le non-vertueux, l'immoral, doivent alors ĂȘtre considĂ©rĂ© comme des Ă©lĂ©ments constitutif de cette mĂȘme vertu. Or, pour Ă©lucider cela, nous dit Nietzsche, il faut prendre cette hypothĂšse trĂšs au sĂ©rieux. Et donc, il faut de vĂ©ritables "esprits libres". Or, l'Ă©poque de Nietzsche a encore du mal Ă dĂ©passer ce stade... Donc, concernant ce Cogito, la question qui se pose est la suivante comment doit-on considĂ©rer le statut du "je" et de la "pensĂ©e"? Et encore de lĂ l'existence? Le "je" de Nietzsche n'est rien a priori, il est une faute originelle de raisonnement qui s'est cristallisĂ©. On ne trouve pas "je" ou "moi", on l'invente. La grammaire nous fait croire qu'on trouve quelque chose, mais comme pour Kant et sa "nouvelle facultĂ©", cette faute appartient Ă une "Ă©poque oĂč l'on ne savait pas encore faire la diffĂ©rence entre "trouver" et "inventer!" Et Ă chaque fois que nous essayons de rĂ©futer la faute, nous retombons dans la faute mĂȘme. Pourtant, la rĂ©futation est irrĂ©sistible "Quelque chose" est toujours prĂ©supposĂ©, mais ce quelque chose, on ne peut pas le trouver. Il est toujours dĂ©jĂ interprĂ©tĂ© et posĂ© quelque part, entachĂ© d'une histoire dont le sens nous est en partie cachĂ©, il nous faut donc le reconstruire. On peut certes en faire le diagnostic, retracer une gĂ©nĂ©alogie de l'erreur, mais en cela, on aurait tort de prĂ©tendre trouver une vĂ©ritĂ©. On ne ferait qu'imposer une interprĂ©tation dominante. Car on ne choisit pas d'oublier l'histoire de notre Ă©ducation. On peut juste en prendre conscience pour la nier. Mais est-ce assez pour ĂȘtre libre? "Un tel "esprit libre" est-il possible?", se demandait dĂ©jĂ Nietzsche dans l'introduction de Humain, Trop Humain. Cordialement.
toute conscience est conscience de quelque chose